Kairouan, une cité historique de Tunisie établie en 670, voit son artisanat du cuivre particulièrement s’animer à l’approche du mois sacré du Ramadan, perpétuant ainsi une tradition séculaire.

Les dinandiers, artisans passionnés, s’emploient chaque année à redonner éclat et vie à des ustensiles de cuisine en cuivre, très prisés des Tunisiens pour leur durabilité et leurs vertus sanitaires. Cependant, cette pratique séculaire est actuellement mise en péril par divers défis, compromettant une expertise transmise de génération en génération.

D’après Mohamed Zaremdini, un artisan du cuivre fort de 15 ans d’expérience, le cuivre est le matériau le plus sain pour la cuisine. « Les gens souhaitent donner un aspect plus attrayant à leurs cuisines. » Ils désirent que leurs outils soient non seulement pratiques, mais également esthétiques. « Ici à Kairouan, le cuivre est particulièrement prisé. Nous n’utilisons que du cuivre de haute qualité », dit-il. Il souligne que la sollicitation émane de toutes les régions tunisiennes, y compris Tunis et Nabeul. En dépit de la compétition avec des vendeurs proposant de la contrefaçon, Mohamed met l’accent sur la rareté des authentiques artisans, seulement quatre se distinguant sur le marché global.

Chaque année, avant le Ramadan, des clients tels que Fathi Andellaoui, qui vit à Kairouan, viennent apporter leurs casseroles en cuivre.

« C’est une tradition familiale. Les ustensiles en cuivre sont plus sains que ceux en plastique ou en autres matériaux modernes, et c’est un patrimoine précieux que nous préservons », déclare-t-il avec fierté.

Cependant, derrière cette tradition se dissimule une réalité plus ardue à supporter. Rami Chaabani, un maître du cuivre de la troisième génération, parle des multiples difficultés qu’il affronte tous les jours.

« Nous commençons à 2 heures du matin et travaillons jusqu’à tard dans la soirée. Au final, je gagne à peine 40 ou 50 dinars pour des heures de travail intenses. Si cela continue ainsi, dans cinq ans, il n’y aura plus de dinandiers à Kairouan », se désole-t-il.

En dépit de son dévouement à conserver ce savoir-faire, les bénéfices demeurent modestes, et la compétition avec les importations chinoises bon marché complique davantage la situation.

Bien que la demande en outils de cuivre reste stable à l’approche du Ramadan, elle ne permet plus aux artisans locaux de survivre. Malgré de nombreuses heures de travail et le savoir-faire transmis de génération en génération, les artisans du cuivre ont du mal à subvenir à leurs besoins.

« Après avoir couvert mes besoins essentiels, il me reste très peu », ajoute Rami Chaabani, qui plaide pour une attention accrue du gouvernement envers les artisans traditionnels afin de préserver ce métier.

Une profession avec des racines profondes, mais qui est menacée.

Le métier traditionnel du cuivre à Kairouan, qui est une composante du patrimoine culturel tunisien, se trouve actuellement à un point crucial de son évolution. Si les responsables n’apportent pas leur soutien aux artisans, ce savoir-faire traditionnel court le risque de s’évanouir. Des artisans tels que Mohamed, Fathi et Rami portent en eux l’espoir de transmettre ce savoir-faire traditionnel aux futures générations. Néanmoins, sans aide, il est possible que ce métier vieux de plusieurs siècles disparaisse dans les années à venir. Ils n’aspirent qu’à une chose : obtenir reconnaissance et appui pour conserver un héritage exceptionnel qui a perduré à travers les âges.