Ce lundi 6 janvier, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a fait part de sa démission. Au Parlement, minoritaire, il est en difficulté ces dernières semaines et démissionne également de son poste de chef du Parti libéral du Canada. Cependant, Justin Trudeau demeure Premier ministre jusqu’à ce qu’un successeur soit nommé.
« J’ai l’intention de démissionner de mon poste de chef du parti et de Premier ministre une fois que le parti aura choisi son prochain chef », Justin Trudeau a affirmé lors d’une conférence de presse à Ottawa, la capitale. Le chef du gouvernement canadien, âgé de 53 ans, était sous pression depuis plusieurs semaines alors que des élections législatives doivent avoir lieu au plus tard en octobre prochain et que son parti est en tête des sondages.
Justin Trudeau, qui avait annoncé sa candidature, a plus de 20 points de retard dans les sondages sur son rival conservateur, Pierre Poilievre.
« Ce pays mérite un véritable choix lors des prochaines élections. Il est devenu clair pour moi que si je dois mener des batailles internes, je ne peux pas être Premier ministre », a-t-il déclaré, ému.
Après près de dix ans au pouvoir, Justin Trudeau a actuellement une faible popularité, étant considéré comme responsable de la forte inflation qui affecte le pays, ainsi que de la crise du logement et des services publics. Situé en minorité au Parlement, il était menacé par le départ de son allié de gauche et le désaccord grandissant au sein de son propre parti. En outre, la capitale Ottawa était en désordre depuis la démission surprise de la vice-Première ministre, Chrystia Freeland, qui était en désaccord avec Justin Trudeau quant à la manière de gérer la guerre économique qui pourrait survenir avec les États-Unis.
Selon Frédéric Boily, enseignant en politique canadienne et québecoise à l’université de l’Alberta, Justin Trudeau semblait avoir été très éloigné ces derniers temps.
« Les intentions de votes, depuis presque deux ans, indiquent que les conservateurs ont la faveur de l’électorat canadien, et pas seulement pour quelques points. Les derniers sondages montrent que les marges entre le parti conservateur et le parti libéral sont à plus de 20 points de différence, et même 25 points. Ce qui, avec un système de scrutin majoritaire, laissait entendre un balayage conservateur », décrypte-t-il au micro de Nicolas Rocca, du service international de RFI.
« Son image est abimée, l’image du parti libéral (…) est moins forte qu’auparavant. Cela laissait entendre une côte très longue et très difficile à remonter pour quelque chef que ce soit, et possiblement un long purgatoire politique a passé pour le parti libéral avant d’espérer revenir au pouvoir », ajoute-t-il.
Ces dernières semaines, les paroles de Donald Trump ont encore aggravé la crise politique au Canada et engendré une onde de choc. Le pays est à la recherche d’une réponse aux menaces du président élu, qui a fait la promesse d’imposer des tarifs de 25% au Canada et au Mexique dès son retour au pouvoir en janvier. Le Canada compte parmi ses partenaires commerciaux les États-Unis, qui représentent 75% de ses exportations. Sur une population de 41 millions d’habitants, il est utilisé par près de deux millions de Canadiens. Lorsque le chef du gouvernement canadien a annoncé sa démission, Donald Trump a à nouveau proposé de faire du Canada le 51e État américain.
« Si le Canada fusionnait avec les États-Unis, il n’y aurait pas de droits de douane, les impôts baisseraient considérablement et le Canada serait TOTALEMENT SÛR face à la menace des navires russes et chinois qui l’entourent constamment. Ensemble, quelle grande nation ce serait!!! », a-t-il écrit sur son réseau social.
Durant les fêtes, de nombreuses personnalités se sont mises en mouvement en coulisses pour prendre la direction du parti. D’après une source proche du parti libéral à l’AFP, Mark Carney, 59 ans, ancien gouverneur de la Banque du Canada, qui occupe depuis l’été dernier le poste de conseiller économique du parti, a notamment fait plusieurs appels ces derniers jours pour évaluer ses appuis. Comme Chrystia Freeland, l’ex-vice-première ministre. Le parti est convoqué pour une réunion importante mercredi.
Les campagnes libérales peuvent s’étendre sur plusieurs mois. Malgré l’accélération du processus, il est peu probable que Justin Trudeau démissionne dans les jours à venir. Il est prévu qu’il reste Premier ministre le 20 janvier, lorsque Donald Trump prend ses fonctions.