Depuis ce dimanche soir, les prisons observaient une grève de 24 heures. Cette fois, les gardiens se préoccupent principalement de la question de la sécurité. Ils affirment venir travailler avec la peur au ventre. Suite à la découverte d’un cocktail Molotov devant la résidence d’un des employés de la prison de Haren, les syndicats ont soumis un préavis de grève. Des dialogues constructifs ont été menés « mais aucune solution adéquate n’a été trouvée à court terme« , estime le secrétaire fédéral du SLFP, le syndicat libre de la fonction publique, Eddy De Smedt.
Ce lundi, les personnes en grève se sont unies et ont manifesté devant la prison de Haren. On se réchauffe avec un café et un croissant sous les toits bleus, rouges et verts. Ruben Van Lancker occupe le poste de gardien dans cette prison, tout en étant délégué CSC. Ce matin, il demeure hors des lieux pour dénoncer les menaces, les injures et les violences dont lui et ses collègues font l’objet.
« On n’a pas de protection. On ne vient pas travailler pour se faire taper dessus ou risquer de se faire tuer en sortant. »
On ne vient pas travailler pour se faire taper dessus ou risquer de se faire tuer en sortant., explique Ruben Van Lancker, gardien à la prison de Haren et délégué CSC
Pour éviter d’être pris pour cible, les gardiens de prison adoptent la plus grande discrétion lors de leur sortie, explique le surveillant.
« Le parking est à 5 minutes à pied de la prison, et l’endroit où on doit se changer aussi. Or, si on ne s’est pas changé avant de sortir du bâtiment, il y a un risque que les gens nous reconnaissent, qu’ils voient qu’on est agent. D’autant que nos noms sont maintenant indiqués sur nos uniformes. » Alors certains se changent dans les toilettes avant de sortir, et d’autres parquent leur voiture plus loin « vu ce qui s’est passé avec la voiture explosée. »
Les arrêts pour maladie ou accident de travail se multiplient, selon le délégué syndical, qui dénonce le sentiment d’impunité qui règne chez les prisonniers. « Les détenus font ce qu’ils veulent, confirme Yasin Sarikaya, lui aussi gardien à Haren et délégué CSC. Ils demandent des choses auxquelles ils n’ont pas droit, les agents disent non et s’ensuivent des coups de poing, de la violence verbale et physique qui n’arrêtent jamais. »