Hier, le bureau de la direction d’A-CAP, une holding américaine qui détient des compagnies d’assurances et qui est propriétaire du Standard de Liège, a été touché par une bombe. La décision de cette bombe a été prise par les autorités américaines de l’État de l’Utah. Ils assurent la surveillance des compagnies d’assurance afin de garantir leur conformité à la législation. Selon ces régulateurs, trois compagnies d’assurance détenues par A-CAP et basées en Utah ne respectent pas les normes. Dès lors, elles sont sanctionnées. Il est nécessaire qu’elles mettent fin à la vente d’assurances et de produits financiers d’ici le 31 décembre 2024. En travaillant en étroite collaboration avec le média d’investigation Josimar, nous avons réussi à obtenir cette décision qui pourrait entraîner, entre autres, des conséquences graves sur la santé du Standard de Liège.

Une situation financière dangereuse qui représente un danger pour les assurés et le public

Malgré leur approche très libérale, à la limite du laxisme, les autorités ont examiné la situation des trois compagnies d’assurances. La vérification s’étend du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2023. Les régulateurs en tirent cette conclusion : “ces entreprises sont en situation financière précaire et cela constitue un risque immédiat et important pour elles-mêmes, les assurés, la santé publique et le public”. En conclusion, le communiqué demande à A-CAP de mettre fin à toute nouvelle activité, qu’il s’agisse de produits financiers ou d’assurances, d’ici le 31 décembre 2024, dans le but de diminuer le risque et de protéger les clients. Selon le communiqué, il est possible que des assurés ne bénéficient pas de la protection financière promise par A-CAP.

De plus, elles seront contraintes d’annuler tous les nouveaux contrats qui seraient signés après cette date, et les sommes éventuellement versées par les clients devront être remboursées dans un délai de 5 jours ouvrables.

Au-delà des limites, des investissements excessivement risqués et un risque de conséquences en cascade.

Selon leur analyse, les régulateurs soulignent que les entreprises font partie de l’A-CAP, dont ils ont souligné à plusieurs reprises une mauvaise santé financière. Ils continuent en exposant en détail les règles qui ne sont pas suivies. Les trois sociétés sont particulièrement critiquées pour avoir dépassé la limite d’investissement en investissant plus de 10% de leurs fonds propres dans une seule entreprise. Il n’est pas mentionné 777 Partners, mais il semble clair que ce sont ces investissements qui sont en jeu. On se rappelle que Leadenhall, l’une des entreprises qui s’occupe de 777 Partners et A-CAP, avait appris que l’assureur avait investi 25 % de ses fonds, soit 3 milliards de dollars, dans le groupe américain.

Selon l’analyse, de nombreux investissements sont perçus comme étant à “haut risque” et certains suscitent des inquiétudes. Il en est ainsi des prêts accordés à la compagnie d’aviation canadienne Flair, où les compagnies d’A-CAP ne devraient recevoir qu’entre 0 et 11 cents pour chaque dollar investi. Une perte considérable pour ces trois sociétés qui représentent 70% des actifs du groupe A-CAP et qui, d’après le site américain Barrons, afficheraient désormais un déficit global de 520 millions de dollars.

Une entreprise spécialisée a également été sollicitée par les régulateurs afin de réévaluer les biens des trois entreprises étudiées. Le résultat est extrêmement grave : selon le régulateur de l’Utah, ces entreprises sont surévaluées de près de 200 millions de dollars. Selon le régulateur, ces entreprises sont également surévaluées dans les comptes d’A-CAP, ce qui entraînerait des données erronées et trop optimistes. On se rappellera aussi que ce type de constat a été fait en Belgique chez 777 SDL, la société belge qui possède le Standard et qui est désormais sous la tutelle d’A-CAP.

Cette décision des régulateurs suscite des préoccupations. A-CAP perdra une grande partie de ses revenus si elle ne peut plus vendre d’assurances ou de placements après le 31 décembre 2024, du moins jusqu’au 31 décembre 2024. Est-ce qu’elle pourra subsister sans cet argent frais? De plus, elle pourrait être contrainte de rembourser certains clients. A-CAP pourrait également subir des conséquences en cascade : d’autres régulateurs pourraient prendre des mesures similaires à celles de l’Utah, tandis que les clients pourraient ressentir de la peur et fuir en demandant un remboursement.

Quelles conséquences pour la norme?

Le Standard n’est pas responsable de son destin. Il n’a qu’à continuer son travail en cherchant à améliorer sa situation afin d’attirer des candidats repreneurs. Cette nouvelle survient donc à un moment très désagréable, car le club lui-même annonce que tout est en ordre, qu’il résoud ses différends, même si tout n’est pas encore réglé. Toutefois, le Standard demeure vulnérable. Il est confirmé par les comptes du club révélés par des collègues. Pour l’exercice fiscal qui s’étend du 30 juin 2023 au 30 juin 2024, le matricule 16 aurait enregistré une perte de 26,4 millions de dollars et aurait terminé cet exercice avec une dette de 59 millions de dollars.

Il convient de souligner que depuis lors, il a diminué sa dette en convertissant 25 millions en capital (il ne s’agit donc pas d’argent frais injecté au Standard, mais plutôt d’un cadeau de A-CAP qui renonce au remboursement de cette somme). Ces données confirment que le Standard ne peut aujourd’hui pas subsister sans l’aide financière de son propriétaire. La baisse progressive d’A-CAP suscite de l’inquiétude et, naturellement, de nombreuses personnes se demandent si l’assureur pourra encore apporter une aide financière au club liégeois.

Des préoccupations amplifiées par la multiplication et l’aggravation des problèmes liés à A-CAP. La décision du régulateur de l’Utah s’ajoute au procès Leadenhall, à une enquête pour blanchiment d’argent et aux problèmes rencontrés par d’autres entreprises du groupe américain. La prohibition pour A-CAP de commercialiser de nouvelles assurances ajoute une couche supplémentaire à une multitude de problèmes. La situation pourrait effrayer des acheteurs potentiels qui pourraient être tentés d’attendre que la montagne s’effondre pour négocier le rachat du Standard « au rabais », en partie épongé de ces dettes dans le cadre d’une faillite. Un violent orage venant d’Amérique frappe Sclessin.