La discrétion est le principe fondamental pour les deux informateurs – l’Engagé Christophe De Beuckelaer et la Groen Elke Van den Brandt – au début de leur première journée de travaux. Dès le départ, la sélection de la salle de conférence établit l’ambiance : le Salon blanc – salle 121 – n’est pas ouvert aux journalistes. Pour y accéder, il faut passer par des portes qui ne s’ouvrent qu’avec un badge que, naturellement, les journalistes n’ont pas.
Les représentants des deux sources d’information ne le cachent pas, ils misent sur un manque de liens entre les journalistes présents au Parlement et les adhérents des partis invités. Il n’est pas question de divulguer le programme des travaux, les horaires, l’identité des intervenants, ni le moment précis de leur arrivée.
La Team Fouad Ahidar et le PTB ont tous deux divulgué rapidement la date et l’heure de leur réunion avec le duo d’informateurs. Les délégations entrent et sortent du Parlement par l’entrée principale, où se trouve la presse. Tous, à l’exception de la N-VA, consentent à s’entretenir avec les journalistes avant ou après leurs rencontres avec les informateurs. Pour ce qui est de la discrétion, on repassera donc.
C’est le MR qui donne le coup d’envoi. À l’issue, Georges-Louis Bouchez, son président, considère que les éléments du problème sont connus et appelle chacun à « respecter le résultat de l’élection ». Il insiste également sur la nécessité de briser certains tabous. « Il y a toute une série de tabous qui doivent effectivement être levés. Nous l’avons déclaré, s’opposer au parti du Premier Ministre est tout de même quelque chose de très particulier à l’heure actuelle. Est-ce un prétexte (…) ? » Le président du MR vise particulièrement le PS, qui aurait pu prendre les rênes suite au recul du formateur David Leisterh, mais qui a décliné l’offre. Georges-Louis Bouchez reste solidaire de son chef de file bruxellois, toujours en lice pour le poste de Ministre-Président au nom du MR.
À seize heures, Fouad Ahidar et la députée Najima El Arbaoui font leur apparition au Parlement. Fouad Ahidar « est prêt depuis 8 mois à apporter sa pierre pour le progrès de Bruxelles ». La surprise du chef nouvellement élu se réjouit de l’initiative des informateurs, qui lui offre enfin l’opportunité d’établir un lien avec un parti francophone depuis la clôture des élections. Un contact qui n’était auparavant entravé par rien, mais qui ne faisait pas partie du processus naturel, chaque groupe linguistique négociant individuellement pour former la coalition gouvernementale, avant de réunir tous les deux autour de la table pour finaliser la déclaration de politique régionale.
Le PTB exprime également sa satisfaction face à l’invitation des informateurs, se plaignant d’avoir été marginalisé par l’ancien formateur MR. « Nous attendons cela depuis huit mois », affirme Françoise De Smedt, la responsable de groupe du PTB. « À Bruxelles, 21% des électeurs ont soutenu le PTB, et jusqu’à maintenant, nous avons souffert du déni démocratique du MR car nous n’avons jamais été conviés. »
L’Open VLD ouvre la session de l’après-midi avec une délégation de trois membres, y compris Frédéric De Gucht, leur principal négociateur. Il y a eu peu de remarques lors de la conclusion d’une rencontre qui n’a duré qu’environ quarante minutes. Frédéric De Gucht cherche à calmer la situation, par exemple en refusant de valider le refus de son parti concernant l’équipe du Fouad Ahidar.
Puis vient Ecolo, dirigé par la cheffe de groupe Zakia Khattabi et le directeur politique du parti, Nicolas Lemoine. Zakia Khattabi, plus loquace que son pendant du VLD, encourage le Parlement bruxellois à intervenir par le biais de douzièmes provisoires afin de permettre au secteur associatif de continuer ses activités et de préserver les emplois.
« Atmosphère constructive », « contentement de finalement traiter le sujet », c’est essentiellement ce qu’Ans Persoons dira pour Vooruit. Le terme central de la délégation DéFI est l’humilité, toujours en cours de récupération après sa dure défaite électorale en juin dernier. Le parti déclare être prêt à contribuer à l’élaboration de solutions concernant le budget, la sécurité, la formation ou le logement.
Le Parti Socialiste termine la journée. Selon Ahmed Laaouej, « nous approchons les informateurs avec une démarche constructive. » Le départ du formateur David Leisterh (MR) dissimule l’insuccès d’un modèle dépourvu de majorité au sein du parlement régional, qui est cependant essentiel pour constituer un gouvernement. Le leader des socialistes a aussi manifesté son inquiétude concernant les répercussions budgétaires et sociales pour Bruxelles suite aux politiques du gouvernement fédéral.
La phase initiale de la mission d’information se conclut ce mercredi avec l’arrivée des Engagés chez le duo d’informateurs.