À Liège, bien que le terme « oufti » ou « binamé » soit familier à tous, l’usage quotidien du wallon devient de plus en plus rare avec le déclin de nos aînés. Cependant, de façon surprenante, la tradition du théâtre wallon demeure active dans notre région. Cependant, « Stoemp, pèkèt et des rawettes » est la seule émission radiophonique dédiée aux langues dialectales que nous diffusons actuellement sur nos ondes. Mis à part quelques cours sporadiques de wallon, on a l’impression que nos dialectes s’évanouissent.
On estimait qu’il y a une décennie que près de 10% des habitants de la Wallonie, soit environ 360.000 individus, parlaient une langue régionale.
Il est ardu de fournir une réponse précise à la question « qui parle encore wallon aujourd’hui ? ». Le linguiste Michel Francard estimait, il y a 10 ans, qu’environ 10% des Wallons pratiquaient une langue régionale, soit environ 360.000 personnes. Pour comparaison, on évaluait en 1920 que 80% des habitants de Wallonie parlaient une langue locale. Et que même 23% des assemblées communales se déroulaient en wallon !
Selon un rapport de l’Union Européenne en 2017, on comptait alors 600.000 personnes parlant le wallon et 300.000 personnes actives dans cette langue. Un nombre qui semblait fortement exagéré selon le professeur de l’UCL dans un article du Soir. Et le linguiste souligne encore que, à ce jour, il n’y a pas de données statistiques récentes.
Qui utilise encore la langue wallonne ? Actuellement, aucun recensement précis n’est disponible ! Toutefois, une étude spécifique menée par la Fédération Wallonie-Bruxelles sur la dynamique des langues régionales en Wallonie a mis en lumière certains chiffres. Parmi les 5000 participants à leur enquête, 26% ont réussi des tests de traduction et parmi les jeunes adultes de 18-35 ans, ils représentaient 6,3% comparativement à 57% des personnes âgées de 66 ans et plus. Cependant, aucune évaluation précise de l’usage du wallon n’a été réalisée. Cette recherche souligne le manque de données en précisant que dans les années 1980 et 1990, on estimait que 30 à 40% de la population utilisait une langue régionale.
Quel est le constat actuel ? Il reste flou ! Sans données fiables, il est difficile d’établir une estimation. Tout au plus, la Fédération Wallonie-Bruxelles indique qu’en 2024, 450 ateliers de sensibilisation au wallon ont été tenus pour les jeunes dans une centaine de classes.
Profil de 3 jeunes wallons qui persistent
Romane Devillers a 28 ans. Elle est comédienne au Théâtre wallon de Voroux. « Mes parents ne m’ont jamais parlé wallon, mes grands-parents non plus » témoigne-t-elle. « Je l’ai vraiment appris quand j’allais voir les pièces en wallon avec ma maman. Dès qu’on entend un peu de wallon, ça porte à sourire. On trouve ça un peu étrange parce que ce n’est pas courant pour une jeune comme moi. »
« On a quand même 5 comédiens de moins de 30 ans, c’est une première ! » indique le metteur en scène. « Ils s’intéressent probablement au départ au théâtre, mais je crois qu’ils ne font pas de différence entre le wallon et le français, et ils viennent. Je suis acteur et metteur en scène, et je crée assez bien de pièces en wallon. »
Louis Dechange a 23 ans. Il est comédien, chanteur et musicien. « J’utilise le wallon parce que c’est une langue que j’affectionne particulièrement. Mon grand-père la parle assez couramment. Il m’a appris beaucoup de choses en wallon et moi je les applique. Et puis je trouve que c’est une langue qui est très drôle, elle sonne très drôle. La mettre dans certains de mes sketchs, c’était obligatoire » sourit le comédien. « Les 20-25 ans commencent à revenir un petit peu. Il y a un côté pas sérieux dans le wallon qui est plutôt chouette et qui fait rire les jeunes… Donc je ne pense pas que ce soit ringard. »