La situation actuelle dans le secteur éducatif est tout sauf sereine : réformes, coupes budgétaires, mouvements de grève… Le sujet des enseignants est fréquemment à la une des médias, comme on a pu le constater ce matin. Et cette actualité généralement défavorable affecte l’enthousiasme des jeunes à se consacrer à cette profession que l’on a longtemps qualifiée du plus beau métier du monde.

Nous avons rencontré deux étudiants de la région de Liège qui ont entrepris des études dans le but de devenir professeurs, mais qui ont finalement opté pour une autre direction.

Je ne me voyais pas du tout enseigner dans une classe de 30 élèves

Babette nous accueille chez elle. A 18 ans, elle a commencé la Haute École en septembre : « Moi, j’avais choisi de devenir institutrice pré-scolaire » témoigne-t-elle. « J’aimais vraiment bien les cours au début, je voulais vraiment transmettre des bonnes valeurs à la nouvelle génération. »

Après trois mois, Babette a toutefois décidé d’abandonner ses études : « C’est vrai que j’aimais bien, puis j’ai quand même eu une discussion avec ma prof qui m’a dit qu’il fallait que je sois vraiment passionnée par ce métier parce que ce qui arrive pour les enseignants, ce n’est vraiment pas cool. Et c’est vraiment à ce moment-là où je me suis dit que je ne voulais pas continuer. Je ne me voyais pas du tout enseigner dans une classe de 30 élèves. Et c’est pas trop bien payé. Ce sont vraiment les conditions de travail, les nouvelles réformes, tout ça m’a vraiment bloquée. Je ne voulais pas me battre pendant des années et des années encore pour avoir des droits et pour être suffisamment respectée par le gouvernement. On ne comprenait pas pourquoi en fait il dénigrait ce métier alors que nous, on le trouvait super beau et super intéressant. Ma grand-mère était institutrice, mon grand-père était prof de math… j’ai un peu grandi avec des professeurs autour de moi, c’est ça qui m’a un peu influencée aussi à choisir ces études. Aujourd’hui, c’est fini. »

Il y a un certain côté angoissant et anxiogène lié à toutes ces réformes, à toutes ces grèves

En 2022, Enes a été diplômé régent. Aujourd’hui, il est étudiant en communication. « Au départ, j’ai fait un régendat pour devenir prof d’histoire-géographie-sciences sociales » explique-t-il. « Mais j’ai décidé de ne pas être prof et de poursuivre dans les études à cause du côté instable que connait le système de l’enseignement et que j’ai pu constater durant mes études et mes stages » confie-t-il. « Il y a un certain côté angoissant et anxiogène lié à toutes ces réformes, à toutes ces manifestations, ces grèves. On est dans une situation qui se dégrade parce que là on touche carrément au statut, et c’est ça qui m’a éloigné de plus en plus de l’envie de travailler dans l’enseignement. »