Guy Ribant décrit le dernier bistrot « brun » appelé « Le Petit Lion », établi au cœur des Marolles, rue Haute, à égale distance de la Porte de Hal et de la Chapelle, typiquement « ne broeine stamenei », ou plus précisément « brun ». Mais pour quelle raison ? Et bien parce que jauni avec le temps à cause de la cigarette.

Ce bistrot a vu le jour il y a plus de 100 ans et la maxime du client était : « une clope et une chope » ! C’est vraiment l’établissement emblématique du vieux Bruxelles, le café traditionnel, historique et familial. On se trouve dans un lieu hors du temps, où l’on peut admirer de vieilles tables en bois, un comptoir usé par les ans, des affiches vintage fixées au mur et des enseignes métalliques de marques disparues. On s’y adonne au billard, au jaquet, connu aussi sous le nom du fameux « Pitchesbak », ce jeu de dés 421.

Cathy, l’ex-directrice, avait mis la clé sous le paillasson en 2016. Cependant, l’établissement a depuis été relancé, avec la volonté de préserver l’esprit de ce café. Par nostalgie, les nouveaux propriétaires ont même affiché quelques tarifs en francs belges : un verre de bière à 121 fb, une Chouffe à 181,50, et ainsi de suite…

On fait du bruit, on « roddel », autrement dit, on discute des potins, on se querelle mais on se réconcilie promptement en offrant une tournée générale ! Tout finit toujours bien avec « een pintje », c’est-à-dire une pinte, bien sûr !

Actuellement, le nombre de Bruxellois âgés dans les Marolles a diminué, et la boulangerie ainsi que la boucherie locales ne sont plus en activité. Beaucoup de boutiques sont substituées par des magasins d’antiquités, ce qui entraîne une importante augmentation des loyers, un phénomène que l’on désigne sous le terme de « sablonisation ». En parallèle des marques de luxe, le « Petit Lion » s’est imposé comme un bastion de résistance face à l’augmentation de l’individualisme, à la solitude et aux normes morales ambiantes.