C’est tout un projet qui vient de tomber dans l’eau : le troisième mandat.
La décision de la justice vient de tomber. Le décret présidentiel querellé vient d’être invalidé par la cour constitutionnelle, car jugée non-conforme à la Loi mère. La cour constitutionnelle vient de rendre sa dernière décision, et c’est dur pour le Président Touadera
Durant plus d’une heure, les juges ont expliqué leur décision dans une allocution retransmise à la radio nationale.
D’abord, la cour estime que pour enclencher un processus de réforme constitutionnelle, il y a besoin d’un Sénat. Or le Sénat n’a toujours pas été mis en place en Centrafrique.
Ensuite, les juges ont passé en revue la prestation de serment du président Faustin-Archange Touadéra à la fin mars 2021. Ils expliquent que le chef de l’État avait juré sur la Bible et devant la nation qu’il ne réviserait le nombre et la durée de son mandat. Donc pour la cour, il n’est pas possible de revenir sur cet engagement. En conclusion, le décret est illégal et la cour ne reconnait pas le comité chargé de rédiger une nouvelle constitution.
À l’issue de ce verdict, plusieurs centaines de personnes pro-réforme se sont rassemblés devant la Cour avec des pancartes très hostiles, notamment envers la présidente de la Cour, Danièle Darlan. Les forces de l’ordre et les casques bleus de la Minusca se sont déployés devant les protestataires qui ont lancé des cailloux, avant de finalement se disperser.
Et si d’aventure Touadera et sa clique s’entêtent, Touadera peut être démis de ses fonctions par la Haute Cour de Justice, pour coup d’État constitutionnel et rébellion vis-à-vis des lois de la République. On ne dénoncera jamais assez l’étrangeté du pouvoir de Bangui aux bonnes pratiques du droit et de la justice, socle d’un État de droit.
Pour le moment pas d’annonce officielle sur cette décision historique et courageuse. Tout porte à croire que le pouvoir actuel reviendra à la charge.
Cette décision de la justice centrafricaine met à nu ce régime devant l’opinion, le peuple et la communauté internationale.
Chercher à tout prix un troisième mandat va isoler d’avantage ce régime et l’exposer avec la Centrafrique à de nouvelles vagues de contestations…forcement violentes.
Cyberjournaliste Consultant