Les coupures budgétaires dans la coopération seraient également abordées lors des négociations pour la formation d’un gouvernement « Arizona » (on évoquait même au début des négociations de les réduire par deux). Aucun accord ni décision n’a encore été pris, mais cela suscite de sérieuses inquiétudes dans tout le domaine de la « coopération » belge. Ce matin, Thomas Gadisseux et François Heureux ont eu l’occasion de rencontrer Jean Van Wetter, le dirigeant d’Enabel. Et il s’efforce de persuader de la base solide de l’action de son agence et d’une stratégie économique belge qui en découle.
Solidarité ou approche économique?
Selon Jean Van Wetter, il est essentiel de souligner les avantages de la collaboration internationale. Particulièrement à un moment tel que le présent, lorsque des pays tels que l’Allemagne, les Pays-Bas ou la France optent pour réduire les budgets de l’aide internationale. Et de souligner ainsi la nécessité stratégique pour la Belgique et l’Europe d’investir dans la coopération.
Selon le dirigeant d’Enabel, il y a eu une « évolution du récit » depuis quelques années pour l’agence. La coopération au développement ne doit plus être considérée comme une « charité », mais plutôt comme un investissement stratégique de l’État et de l’Union européenne. Selon Jean Van Wetter, notre royaume a besoin d’investir dans la coopération. Et de mentionner l’exemple de l’Afrique, où le problème du réchauffement climatique revêt également une grande importance.
Selon lui, il est essentiel d’y investir afin d’encourager les pays africains à investir dans la transition écologique – afin d’éviter de polluer comme nos nations l’ont fait :
» l’Afrique aura presque 4 milliards d’habitants (la moitié de l’humanité) à la fin du siècle. C’est notre intérêt que la manière dont les Africains consomment soit moins polluante et ne suive pas le même modèle que le nôtre « .
Moment charnière
Selon notre invité, tandis que le monde n’a en effet jamais eu autant besoin de coopération, l’Europe, dont c’était un point fort, elle, désinvestit. Pourtant, l’OCDE fixe à 0,7% du PIB que chaque pays dit » riche » est censé réinvestir aux nations pauvres.
D’autres pays font tout l’inverse, et y vont même franco. En Afrique notamment. On connaît la Chine, mais l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats, la Turquie, le Maroc… L’argent est massivement investi en Afrique, et pas seulement pour des routes ou d’autres infrastructures, mais aussi dans la culture notamment. Comme c’est le cas pour la Turquie. Soft power à son apogée.
» C’est un paradoxe. L’Europe qui a cette proximité historique, géographique, culturelle avec l’Afrique risque de perdre sa place au profit d’autres nations « .
Coopération n’est pas néocolonialisme Et notre invité de ne pas cautionner les critiques parlant de » néocolonialisme » quant à l’action même de la coopération au développement. Ainsi, Jean Van Wetter de justifier : tout ce qu’on fait avec Enabel est à la demande des pays partenaires. Il s’agit ici de partenariat où » on a des défis communs, à l’ensemble de la planète : changement climatique, sécurité, immigration, démographie, inégalités sociales. On a 2000 personnes sur le continent africain. Rien qu’au Congo, 500. Nos collègues là-bas sont des Congolais. On travaille avec eux, on forme, on crée de l’emploi dans ce pays « .