Lors de conférences scientifiques organisées mardi à Alger dans le cadre de la deuxième journée du forum international « Cinéma et Mémoire » (9-11 décembre), des universitaires et des chercheurs spécialisés en cinéma et en histoire ont mis en évidence l’importance du cinéma en tant qu’outil de résistance culturelle face au colonisateur et moyen de préserver la mémoire historique collective.
A cet égard, Abdulkareem Abbood Oudah Al Kenani d’Irak a affirmé que « le cinéma algérien, à travers son œuvre créative révolutionnaire, a fait revivre la mémoire et l’histoire de la lutte révolutionnaire contre le colonialisme français par des approches esthétiques et artistiques. Ce cinéma a révélé les multiples significations de la résistance culturelle ».
Selon l’intervenant, le cinéma de résistance en Algérie est une forme de mémoire. Il a souligné que « ce qui caractérise particulièrement le cinéma de résistance en Algérie, c’est que la majorité des réalisateurs étaient également des moudjahidine, avec une caméra d’une main et une arme de l’autre pour immortaliser les moments historiques ».
De son côté, Kamel Ben Younes de Tunisie a souligné l’importance de « suivre les avancées technologiques dans le domaine du cinéma afin de mettre en valeur et préserver la mémoire ». Il a averti contre « l’influence des groupes de pression néocolonialistes qui investissent dans le domaine du cinéma et des médias afin de contrôler les orientations de l’industrie cinématographique et des institutions médiatiques à l’échelle mondiale ».
Pour sa part, Mme Samia Azzi a souligné que « le cinéma ne se limite pas à la documentation des évènements historiques. Il vise également à l’ancrage de l’identité et de l’appartenance nationale », rappelant que « le colonisateur français avait instrumentalisé le cinéma pour faire la propagande contre la Révolution dans le cadre d’une guerre psychologique ».
Selon Mme Azzi, en prenant conscience de l’importance du cinéma pour lutter contre la propagande française, la direction de la Révolution avait mis en place la première unité cinématographique du FLN.
Les historiens du cinéma italiens Luca Peretti et Andrea Brazzoduro ont abordé cette occasion en évoquant « le rôle joué par certains cinéastes italiens dans le soutien et l’internationalisation de la révolution algérienne », comme Gillo Pontecorvo avec son film « La Bataille d’Alger » ou Pier Paulo Pasolini qui soutenait les mouvements de libération à travers le monde.
Quant à Ahmed Mouloud El Hilal (Mauritanie), il a éclairé le parcours cinématographique du célèbre réalisateur mauritanien, feu Med Hondo, dont les films sont marqués par les luttes pour la libération en Afrique. Il a également mentionné que le regretté avait abordé dans son dernier film « Fatma (2004) » l’un des épisodes les plus sombres et barbares de la colonisation française en Algérie.
Le Forum international « Cinéma et Mémoire » est organisé par le Centre algérien de développement du cinéma (CADC), sous la direction du ministère de la Culture et des Arts et sous le haut patronage du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, du 9 au 11 décembre, dans le cadre de la célébration du 70e anniversaire de la Glorieuse Révolution de libération.