L’artiste de rue français Shuck One honore les personnalités noires qui ont marqué l’histoire contemporaine de la France, à la fois en métropole et dans les territoires d’outre-mer.

Shuck One, qui a fait son arrivée à Paris dans les années 1980, est reconnu comme un des précurseurs du street art et du graffiti en France. Il se prépare à prendre part à l’exposition « Black Paris », qui met en lumière la présence et l’impact des artistes noirs en France de 1950 à 2000, inspiré par les figures du mouvement de la Négritude dénonçant le colonialisme, le racisme et l’eurocentrisme.

Shuck One figure parmi les cinq artistes sélectionnés pour cette exposition qui valorisera 150 figures noires dont les créations n’ont généralement jamais été présentées en France auparavant. Se présentant comme un militant devenu artiste, Shuck One, ayant grandi en Guadeloupe dans les années 1970, partage sa perception du Paris noir.: «  je vais montrer l’évolution de la ville et son développement, mais aussi non seulement son développement avec les flux migratoires et ses différentes migrations. Vous les verrez à travers le travail d’archives que les assistants préparent en amont, parce que sur ce travail d’archives, cette nourriture intellectuelle viendra de tout un travail pictural et puis tout un travail de portraits de personnes, des tirailleurs, des dissidents, Paulette Nardal, Gerty Archimède, Césaire, Léon-Gontran Damas et tant d’autres. »

Pour sa première réalisation de Regeneration, Shuck one a opté pour l’histoire des « Tirailleurs Sénégalais », un groupe d’infanterie coloniale de l’armée française qui a combattu durant les deux conflits mondiaux. L’œuvre évoque aussi les émeutes de mai 1967 en Guadeloupe, qui ont entraîné la mort de plusieurs dizaines d’individus – des nombres encore contestés par les historiens.

L’exposition, prévue du 19 mars au 30 juin, est parmi les dernières à être présentées au Centre Pompidou avant sa fermeture en fin d’année pour une réhabilitation qui devrait s’étendre sur cinq ans.

Le BUMIDOM, structure gouvernementale française qui a orchestré l’émigration de 170 000 individus des départements d’outre-mer vers la France métropolitaine pour des raisons économiques entre 1963 et 1981, mérite également une mention ; aujourd’hui, les historiens le perçoivent comme un emblème de la domination et de la discrimination postcoloniales.