Juste avant Noël, la nouvelle officielle est tombée : les constructeurs automobiles japonais Honda et Nissan sont sur le point de fusionner. Ils pourraient être associés à Mitsubishi pour constituer un « supergroupe » à 100 % japonais. Cette annonce a un impact considérable sur le domaine de l’automobile au-delà du pays du soleil levant, car elle concerne principalement des Européens.

Un divorce avant de se marier de nouveau

Dans le domaine de l’automobile, les fusions sont courantes. La création de Stellantis est la plus marquée, rassemblant les marques françaises de PSA (groupe lui-même issu de la fusion Peugeot-Citroën) avec Opel (alors détenu par General Motors) et Fiat (déjà fusionné avec Chrysler). Stellantis possède plus de 14 marques, soit deux de plus que l’autre groupe européen, Volkswagen Group.

Cependant, l’alliance entre Honda et Nissan peut sembler étonnante car l’actionnaire majoritaire de Nissan est le Français Renault. L’association Renault-Nissan-Mitsubishi a été formée en 1999 par un échange d’actions. Renault peut atteindre jusqu’à 43 % des actions de Nissan, qui est lui-même actionnaire du Français à hauteur de 15 % et de Mitsubishi à 24,53 %. Grâce à cette synergie, les fabricants ont pu travailler ensemble sur divers modèles et diminuer les dépenses en mutualisant de nombreuses pièces, telles que les moteurs, par exemple.

Cependant, l’amour n’a pas duré très longtemps. En 2018, Carlos Ghosn, le directeur général de Renault et Nissan, est appréhendé au Japon pour des soupçons de fraudes financières. On se rappelle de sa fugace fuite en avion, dissimulée dans une malle. Une affaire qui a révélé les oppositions entre les deux constructeurs européens et japonais.

En janvier 2023, le gouvernement français, qui détient la majorité des parts de Renault (oui, ce n’est pas facile) adopte un plan visant à « restructurar et désengager » cette alliance. L’objectif est de porter la part française de Nissan de 43 % à 15 %.

Le géant de la technologie taïwanais, Foxconn, pourrait être un acheteur potentiel. Il y a quelques jours, cette société, qui produit notamment les iPhone, aurait commencé à échanger avec Renault. Cela a peut-être été à l’origine de l’annonce du rapprochement des constructeurs japonais. Ainsi, le mariage Renault-Nissan était très controversé, ce qui a suscité l’intérêt de nouveaux candidats. À la fin de l’année 2024, Renault possède toujours 35,71% du capital de Nissan.

Un rapprochement précipité?

Tout le monde a été surpris par l’annonce du rapprochement entre Honda et Nissan, y compris Renault, qui a réagi de manière officielle et laconique :

« Renault Group prend acte des annonces faites par Nissan et Honda, qui sont encore à un stade préliminaire. En tant qu’actionnaire principal de Nissan, Renault Group envisagera toutes les options dans le meilleur intérêt du groupe et de ses parties prenantes. »

Cependant, cette fusion est compréhensible lorsqu’on considère l’évolution du marché automobile mondial. Depuis l’obligation de passer aux véhicules électriques et l’arrivée massive des constructeurs chinois, les constructeurs traditionnels sont confrontés à une situation difficile. La situation financière de Nissan est difficile et les résultats de 2024 ne sont pas satisfaisants, ce qui a conduit la direction à annoncer un plan de licenciement de 9000 personnes (sur 133 000) et une réduction de sa capacité de production de 20%.

Le premier constructeur de voitures électriques avec la LEAF, voiture de l’année 2011, n’a pas pu offrir une large gamme électrique et ses ventes en Europe reposent toujours sur les Qashqai et Juke. L’avenir de la future Micra électrique, issue de la Renault 5, est assez compromis. Il convient de souligner que Nissan fera partie des rares marques à être absentes du salon de l’auto Bruxelles dans quelques semaines.

En ce qui concerne Honda, la petite e (oui, simplement la lettre « e ») n’a pas contribué à favoriser la transition vers l’électrique. Le seul modèle sur batterie proposé par la marque en Europe est le Ny1. Ainsi, cette alliance devrait lui donner l’opportunité d’accélérer la transition vers l’électrification, d’autant plus que le leader mondial des motos se porte bien mieux que son futur partenaire, malgré l’augmentation de l’action Nissan à la bourse depuis l’annonce du rapprochement.