La République Démocratique du Congo (RDC) s’enlise davantage dans la crise. Le Mouvement du 23 mars (M23) a lancé un nouveau théâtre d’opérations dans l’est de la RDC le mercredi 29 janvier, après avoir conquis Goma, une ville peuplée de plus d’un million d’habitants, suite à une campagne rapide de plusieurs semaines en collaboration avec des forces rwandaises. Mercredi, le M23 a réapparu dans la province du Sud-Kivu, qui est adjacente à celle du Nord-Kivu où se situe Goma, en prenant possession des zones de Kiniezire et Mukwidja, d’après des témoignages locaux.
Quant à la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), qui s’est réunie en sommet extraordinaire pour discuter de la crise à l’est de la RDC, elle a « fortement appelé » le gouvernement congolais à dialoguer avec « tous les intervenants, y compris le M23 ». Félix Tshisekedi, le président du Congo, n’était pas présent à la rencontre. Il n’a pas non plus été impliqué dans la réunion organisée par le Kenya avec le président rwandais, Paul Kagame.
« Le président de la République démocratique du Congo ne participera pas au sommet [en visioconférence] des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est », officiellement « pour des raisons d’agenda », a fait savoir l’Agence congolaise de presse (ACP) à la mi-journée.
Selon la télévision nationale congolaise, M. Tshisekedi « s’adressera aujourd’hui à la nation ». Il est resté silencieux depuis le commencement de la crise. Jusqu’à présent, son gouvernement a qualifié cela de « déclaration de guerre du Rwanda », tout en exprimant son souhait d’« éviter un carnage ». Kinshasa et Kigali ont récemment mis fin à leurs relations diplomatiques en rappelant leurs ambassadeurs.
Offensive rapide du M23 et de ses alliés
Le Mouvement du 23 mars (M23) et ses partenaires rwandais ont réussi à atteindre Goma en seulement quelques semaines, suite à l’échec d’une médiation à la mi-décembre entre la RDC et le Rwanda dirigée par l’Angola, et ils y sont entrés le dimanche soir. Ils ont déjà presque complètement assiégé la ville depuis plusieurs jours, laissant comme seules issues le lac Kivu au sud et la frontière avec le Rwanda à l’est. Le groupe armé avait pris le contrôle de presque toute la ville mercredi.
Selon un décompte réalisé par l’Agence France-Presse (AFP) à partir des rapports des hôpitaux, les affrontements ont causé plus de cent décès et environ mille blessés. Au cours des derniers jours, dix-sept membres de la force régionale d’Afrique australe (Samirdc) ainsi que de la mission onusienne (Monusco), qui apportent leur soutien à l’armée congolaise dans cette zone, ont perdu la vie lors de combats. Selon Vincent Karega, ambassadeur itinérant du Rwanda pour la région des Grands Lacs et qui a partagé ses pensées avec l’AFP, le M23 poursuivra son action dans le Sud-Kivu, car Goma ne peut pas être considéré comme une fin en soi.