Dans les régions arides du nord du Kenya, où le pastoralisme est une tradition séculaire, les femmes Maasai cherchent des alternatives pour leur subsistance.
Confrontées aux conséquences dévastatrices du changement climatique, telles que les sécheresses prolongées, certaines d’entre elles se tournent vers l’élevage de grillons comme une solution durable.
Rosemary Nenini a été témoin, impuissante, de la perte quotidienne du bétail de son mari durant une sécheresse qui a duré de 2020 à 2022.
Selon l’Autorité nationale de gestion de la sécheresse du Kenya, entre 2021 et 2023, 2,6 millions d’animaux, y compris des bovins, des chèvres, des moutons et des chameaux, ont péri dans les zones arides et semi-arides du pays.
La sécheresse, la réduction des pâturages due à l’urbanisation et à la privatisation des terres, ainsi que les maladies et le banditisme, ont progressivement poussé les éleveurs à envisager d’autres moyens de subvenir aux besoins de leur famille. L’élevage de grillons : une alternative inattendue
Au sein de la communauté pastorale de Laikipia, les grillons étaient considérés comme une menace pour le bétail, certains redoutant qu’ils ne causent des maladies mortelles.
Jennifer Sintaloi, qui est désormais éleveuse de grillons, partage son expérience :
« Nous pensions que les grillons étaient néfastes. Par habitude, nous étions persuadés que si les grillons venaient chez nous, ils tueraient notre bétail. Chaque fois que nous en apercevions un près de chez nous, il fallait le tuer. Mais plus tard, nous avons appris que cet insecte avait de la valeur, et notre famille sait désormais que le grillon n’est pas dangereux ».
Grâce à une formation approfondie fournie par Cordaid, le Indigenous Movement for Peace Advancement and Conflict Transformation (IMPACT) et l’International Centre of Insect Physiology and Ecology (ICIPE), les femmes ont décidé de se lancer dans l’élevage de grillons. Aujourd’hui, elles ne les tuent plus, mais les recherchent sous les rochers et placent des serviettes humides à l’extérieur de leurs maisons la nuit pour les attraper.
Pour remédier à ce problème, l’ICIPE promeut l’utilisation de technologies qui permettent de nourrir les grillons avec des déchets de cuisine, ce qui favorise une production de masse plus durable.
Un Défi Culturel à Relever
Malgré ses atouts, l’élevage de grillons rencontre encore des réticences. Beaucoup de personnes hésitent à consommer des insectes et ignorent les bienfaits nutritionnels et environnementaux des grillons et de leurs produits dérivés.