Dans une communauté Masaï isolée du Kenya, un centre d’accueil fournit un refuge aux jeunes filles fuyant des pratiques violentes, telles que les mutilations génitales féminines et les mariages précoces.
Ce centre, établi en 2009, offre une éducation secondaire gratuite et enseigne aux filles des techniques d’autodéfense. Ces formations ne se limitent pas à leur apprendre à se battre, mais visent également à renforcer leur confiance en elles et leur capacité à établir des limites. C’est un moyen de lutter contre la violence sexiste qui est omniprésente dans le pays.
Amelia Awuor, formatrice en autodéfense au sein de l’organisation I’m Worth Defending (IWD), souligne que : « Nous leur apprenons la morale, l’affirmation de soi et la définition des limites. Comment se comporter, comment parler, avoir confiance en soi. 80% des agressions sexuelles peuvent être stoppées verbalement. Il suffit de s’exprimer, de dénoncer ces personnes, de décrire le type de situation qui règne autour de soi. C’est ainsi que les cas d’agression ont pu être réduits ». Ces compétences permettent aux filles de se protéger, mais aussi de se défendre contre des pratiques culturelles dangereuses.
Grace Musheni, une jeune fille Masaï de 14 ans, témoigne : « Avec l’autodéfense, on apprend à se protéger, à protéger son corps et même à éduquer ses parents parce que la plupart d’entre eux… estiment que si un homme peut vous souiller, la solution la plus simple est d’aller voir cet homme et de devenir sa femme. Ils nous échangent alors contre du bétail (en guise de cadeau de mariage). »
Purity Risanoi, une autre jeune fille de 14 ans, raconte son expérience : « Mes parents s’adonnent encore à des pratiques traditionnelles, ce qui m’expose au risque d’être soumise à des pratiques telles que les abus sexuels, les mariages précoces et les mutilations génitales féminines (MGF). Mais maintenant que j’ai acquis les compétences nécessaires, je comprends les risques et je peux me défendre. »
Grâce à ces formations, ces jeunes filles sont mieux préparées à remettre en question les normes sociales et à poursuivre leurs études. Par exemple, Purity aspire à devenir avocate afin de défendre les droits des filles de sa communauté. Bien que ces initiatives rencontrent d’importantes résistances culturelles, elles démontrent que l’éducation des filles et leur empowerment peuvent changer leur destin et diminuer la violence systémique qui les menace.