Ce week-end, lors du festival Baiana de Acarajé, les rues de Rio de Janeiro ont été envahies par le parfum envoûtant des acarajés fraîchement frits, sous un ciel azur. Cet événement met en valeur l’acarajé, une spécialité culinaire afro-brésilienne originaire de Bahia, qui incarne la résilience et la fierté nationale.

Ce beignet de haricots blancs frits accompagné de pâte épicée et de crevettes séchées, appelé acarajé, dépasse largement le cadre d’un simple repas.

Fait par les baianas, des femmes blanches et descendantes d’esclaves, il représente une tradition riche qui combine les héritages africain et chrétien. Autrefois exclues, ces femmes ont réussi à faire de leur expertise une véritable institution.

« C’est le plus beau jour de ma vie. C’est mon deuxième festival d’Acarajé, et maintenant les baianas ont tous les droits. À l’époque, nous n’avions aucun droit », témoigne Maura do Acarajé, cuisinière ambulante au festival. Elle se souvient avec émotion des luttes passées : « Nous allions dans les rues sans savoir si nous pourrions rentrer chez nous avec notre marchandise, car tout était confisqué. C’était très triste. J’ai beaucoup souffert, mais j’ai survécu. »

Grâce au festival, certaines innovations culinaires ont été mises en place, avec des versions modernisées d’acarajé. Ces variétés comprennent des bouchées plus petites, accompagnées de salades de tomates ou de pâtes de gombo, etc.

Ces nouvelles recettes séduisent les visiteurs, à l’instar de Carlos Suzarte, qui confie : « C’est un mélange de saveurs, une explosion de saveurs. Un cocktail de nombreuses saveurs qui, ensemble, deviennent merveilleuses. C’est délicieux. »

Outre l’aspect culinaire, le festival met en valeur l’histoire et la spiritualité des baianas. Une messe spéciale leur est consacrée depuis dix ans à l’église Santa Rita, où un prêtre originaire de Bahia célèbre cette tradition.

« C’est la reconnaissance du travail accompli par les femmes dans le contexte historique de l’esclavage. Des femmes courageuses qui ont pu changer leur destin grâce à l’acarajé. Leurs enfants ont été diplômés, et elles ont élevé leurs petits-enfants grâce à l’argent qu’elles ont récolté en vendant leur produit, » explique le prêtre Marcelo Nascimento.

Ce rassemblement est accompagné de danses et de chants traditionnels, reproduisant ainsi l’atmosphère joyeuse des marchés de Bahia. Des dégustations gratuites sont également offertes par les organisateurs, offrant ainsi aux visiteurs l’opportunité de découvrir la diversité de cette tradition culinaire et culturelle.

L’acarajé est bien plus qu’un simple plat, il incarne la résilience, un lien entre le passé et le présent, entre la culture africaine et brésilienne. Ce festival met en lumière que l’histoire des baianas est celle d’une bataille pour la dignité et la reconnaissance, incarnée par les délicieuses saveurs d’un beignet doré.