Le Met Gala, aux États-Unis, a marqué le lancement de l’exposition Superfine : Tailoring Black Style, la première exposition du Costume Institute dédiée exclusivement aux designers noirs. Bien qu’elle examine le dandysme par le prisme du luxe, cette élégance transcende les podiums et les marques : elle se manifeste au jour le jour dans l’existence de la communauté afro-américaine.
Pour cet événement, trois icônes du style masculin noir — l’historien Michael Henry Adams, le conseiller en mode Michael Andrew et le créateur Guy Wood — partagent leurs réflexions afin d’explorer les divers aspects du dandysme actuel.
« L’idée du dandy est omniprésente dans la communauté noire », explique Michael Henry Adams, photographié pour le catalogue de l’exposition. « Même s’ils ne connaissaient pas forcément le terme, ils reconnaissent parfaitement cette figure : un oncle, un voisin, un ami. Les dandys sont là, autour d’eux. »
Consultant en style basé à Atlanta, Michael Andrew défend une vision du dandysme loin des clichés d’excentricité. « Pour moi, le dandysme est l’expression la plus aboutie du goût personnel, mêlée à l’affirmation de soi », confie-t-il. Pour lui, il s’agit d’un acte intentionnel, empreint de dignité.
« Nous avons la possibilité d’être des dandys chaque jour, et j’inviterais – ou mettrais au défi – chacun d’entre nous, en particulier les personnes noires, à se souvenir de notre histoire. À une époque, nous enfilions nos habits du dimanche, non pas par volonté de se révolter, mais pour nous présenter sous notre meilleur jour. »
Parce qu’au-delà de l’élégance, il y a fréquemment de l’ingéniosité. C’est ce qu’a souligné Guy Wood, co-propriétaire de la boutique Harlem Haberdashery située à New York. Selon lui, l’authentique élégance n’est pas liée à la richesse matérielle, mais plutôt à une certaine perception.
« Il faut composer avec ce que l’on a. Peu importe que vous soyez habillé de la tête aux pieds en Gucci ou en Versace – c’est une solution de facilité. Cela prouve seulement que vous avez de l’argent. Mais le véritable dandy, c’est celui qui entre dans une boutique avec 200 dollars et qui en ressort avec une tenue stylée. »
Superfine : Tailoring Black Style, exposé au Metropolitan Museum of Art jusqu’en octobre, retrace l’évolution du style masculin noir à travers des créateurs emblématiques et des pièces soigneusement choisies. L’exposition examine une culture de l’habillement caractérisée par la créativité, l’unicité et la transmission, où le raffinement devient un moyen d’être présent au monde.
Les visiteurs auront l’opportunité d’apprendre les codes du dandysme noir en observant des silhouettes caractéristiques, des créations uniques et l’habileté de designers qui ont, tout comme aujourd’hui, construit une élégance étroitement liée à l’histoire et à l’identité noires.