Selon le dernier classement mondial, Maurice, le Maroc et l’Afrique du Sud se classent en tête des pays africains qui font preuve de la plus grande innovation.

L’innovation en Afrique, une source de progrès et un élément clé de la géopolitique

L’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) a récemment publié un classement sur l’innovation qui souligne un aspect essentiel du développement africain. Dix pays africains se distinguent parmi les 133 pays évalués, avec Maurice, le Maroc et l’Afrique du Sud en tête. Ce classement met en évidence non seulement les inégalités en matière d’innovation sur le continent, mais également le potentiel inexploité de l’Afrique dans ce domaine, au carrefour des enjeux géopolitiques, économiques et culturels.

Maurice, incontestablement le leader de l’Afrique innovante

L’île Maurice occupe la 55e place mondiale en 2024, confirmant ainsi sa position de leader africain en matière d’innovation. Cette petite nation insulaire montre que la taille géographique n’est pas un obstacle à la performance économique et technologique, avec un score de 30,6. L’économie de Maurice a réussi à se diversifier, à investir dans une éducation de qualité et à créer un cadre propice aux entreprises technologiques et aux startups. Ce modèle est basé sur une gouvernance solide et une politique fiscale attrayante qui suscite l’intérêt des investissements internationaux.

Cependant, Maurice ne se limite pas à être un paradis fiscal. C’est une plateforme stratégique entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe, qui repose sur des domaines tels que les technologies financières, la biotechnologie et les énergies renouvelables.

La région du Maroc et de l’Afrique du Sud : acteurs clés

Le Maroc consolide son rôle de centre technologique et industriel en Afrique du Nord en se classant deuxième en Afrique et 66e mondial. Rabat a fait des investissements considérables dans le domaine de l’infrastructure numérique et de l’énergie renouvelable, en particulier à travers des projets tels que Noor Ouarzazate, le plus grand complexe solaire au monde. Cette vitalité témoigne de la capacité du Maroc à combiner innovation et transition énergétique afin de consolider son influence économique dans la région.

La troisième nation africaine, l’Afrique du Sud, joue un rôle essentiel en Afrique subsaharienne. Grâce à son secteur technologique solide et à ses institutions universitaires de renom, elle maintient une avance de 28,3. Cependant, les disparités sociales et la corruption demeurent de grands obstacles à une croissance plus inclusive.

Les surprises du classement : le Sénégal et le Cap-Vert

Le Sénégal, classé 8e en Afrique, et le Cap-Vert, classé 7e, se distinguent comme des pays en plein essor dans le domaine de l’innovation. Des projets comme le parc technologique de Diamniadio et l’investissement dans l’éducation STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) sont mis en place au Sénégal. En même temps, le Cap-Vert utilise sa situation géographique pour attirer des entreprises spécialisées dans les énergies renouvelables et les technologies marines, malgré ses ressources limitées.

 

Les enjeux organisationnels de l’innovation en Afrique

Malgré ces réussites, le classement OMPI met également en évidence les réticences auxquelles l’Afrique fait face en termes d’innovation. Le continent est freiné par l’insuffisance des infrastructures, le manque de financement pour la recherche et le développement (R&D) et les faibles taux de scolarisation du domaine technique.

De plus, la fuite des cerveaux demeure un enjeu majeur. De nombreux talents africains ont tendance à s’expatrier vers des pays où les possibilités d’emploi et les infrastructures de recherche sont plus avancées. Le continent est privé de ressources humaines précieuses pour accélérer son développement technologique en raison de cette hémorragie.

Un outil géopolitique mal utilisé

L’innovation ne se restreint pas à l’économie. Elle joue également un rôle essentiel dans la géopolitique. L’investissement dans des technologies stratégiques, telles que les énergies renouvelables, la fintech et les biotechnologies, peut renforcer l’influence des pays africains à l’échelle mondiale. À titre d’exemple, la Tunisie, qui se classe quatrième en Afrique, exploite son potentiel technologique afin de renforcer ses échanges commerciaux avec l’Europe et les pays du Golfe.

Dans cette situation, des collaborations entre le Maroc et l’Afrique de l’Ouest apparaissent comme des opportunités prometteuses pour échanger les ressources et les connaissances en matière d’innovation.

L’évolution de l’innovation en Afrique face au changement climatique

Les défis structurels de l’Afrique sont encore plus complexes en raison du changement climatique, mais il offre également des possibilités d’innovation. Les pays africains ont la possibilité de profiter de leur exposition aux problèmes climatiques afin de mettre au point des technologies appropriées, telles que l’agriculture intelligente ou la gestion durable des ressources en eau.

Des projets locaux, comme l’emploi de drones pour la surveillance des cultures en Afrique de l’Est ou les technologies de dessalement au Cap-Vert, montrent que l’innovation peut satisfaire les besoins particuliers du continent tout en renforçant sa capacité de résistance.

Une relation à renforcer

Selon le classement OMPI 2024, l’Afrique a connu de nombreux succès en matière d’innovation, mais elle doit relever des défis majeurs afin de réaliser pleinement son potentiel. En mettant l’accent sur l’éducation, en encourageant l’inclusion numérique et en instaurant des cadres législatifs favorables à l’innovation, les pays africains ont la possibilité de concrétiser leur potentiel.

Il reste encore du chemin à parcourir, mais des pays tels que Maurice et le Maroc démontrent que l’innovation peut jouer un rôle essentiel dans le développement africain. Au XXIe siècle, le continent pourrait devenir une puissance mondiale de l’innovation en combinant sa jeunesse dynamique, ses ressources naturelles et une vision stratégique.