Une étude de Santé publique France révèle que l’action en faveur des espaces verts, des mobilités actives, de la pollution de l’air, du bruit des transports et de la chaleur à l’échelle d’une métropole offre « des avantages considérables pour la santé », avec de nombreux décès évités.
S’il est connu que ces facteurs de l’environnement urbain ont des avantages ou des inconvénients, c’est un nouveau travail d’évaluation quantitative de leurs effets sur la santé, en partenariat avec trois métropoles, Lille, Montpellier et Rouen.
Il en ressort que « les politiques publiques visant à augmenter le nombre d’espaces verts urbains, promouvoir les mobilités actives (marche et vélo), améliorer la qualité de l’air, réduire le bruit des transports et la chaleur en ville se traduisent annuellement par des bénéfices importants pour la santé de l’ensemble des habitants de chaque métropole, en termes de mortalité, de morbidité, de recours aux soins et de gêne« , résume un communiqué.
Selon Mélina Le Barbier, directrice adjointe de la direction Santé Environnement Travail, l’étude repose sur une méthodologie « solide et expérimentée sur la pollution de l’air, appliquée pour la première fois à d’autres facteurs de santé », a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse.
Selon les facteurs déterminants, elle utilise des données locales et nationales, de 2015 à 2017, voire 2019. Il ne s’agit pas des années Covid, qui sont atypiques.
Tout d’abord, le verdissement urbain peut permettre d’économiser de nombreuses vies
« En végétalisant davantage, la mortalité pourrait être réduite de 3 à 7% selon la métropole, soit de 80 à 300 décès par an« , estiment les chercheurs.
Cela impliquerait d’atteindre les niveaux de végétation des quartiers les plus verts dans tous les quartiers.
Dans le domaine des mobilités actives, l’étude met l’accent sur la marche et le vélo.
« Si chaque habitant de 30 ans et plus marchait 10 minutes de plus chaque jour de la semaine, la mortalité pourrait diminuer de 3%, soit de 100 à 300 décès par an selon la métropole« , selon ses auteurs. Et « si chaque habitant de 30 ans et plus faisait 10 minutes de vélo de plus chaque jour de la semaine, la mortalité pourrait diminuer de 6%, soit de 200 à 600 décès par an selon la métropole« .
Si la voiture reste utilisée même pour des trajets très courts, faire 90% des déplacements de moins de 1 km en marchant permettrait d’éviter « entre 2 et 3 % de la mortalité, soit entre 100 et 200 décès par an selon la métropole ».
En ce qui concerne la pollution de l’air, le respect du seuil d’exposition aux particules fines (PM2,5) recommandé par l’Organisation mondiale de la santé pourrait réduire la mortalité annuelle de 7 à 12% en fonction de la métropole, soit de 300 à 1000 décès.
Le respect des valeurs recommandées par l’OMS pourrait, dans chaque métropole chaque année, améliorer le sommeil de plusieurs milliers de personnes et éviter de 20 à 90 hospitalisations pour des maladies cardiovasculaires en raison du bruit associé aux transports.
Pour la chaleur, « l’exposition à des températures très élevées a été responsable de 1% de la mortalité observée durant l’été, soit de 35 à 90 décès par an selon la métropole considérée« , pointe l’étude.
Tous ces résultats ne s’apprécient pas à l’échelle individuelle mais de la population d’une métropole. Par exemple, « si chaque personne augmente de dix minutes sa pratique, ça fait une quantité d’activité physique sur l’ensemble de la population métropolitaine, avec tel ou tel impact de santé« , a explicité Mathilde Pascal, chargée d’études à la direction Santé Environnement Travail.
Ces résultats viennent illustrer l’intérêt de ces actions
L’analyse fournit des recommandations de grandeur, avec des scénarios d’actions ambitieux. Cependant, selon ces experts, toute mesure, même la plus minime, visant à rendre les villes plus verdoyantes et à favoriser les mobilités actives, ainsi qu’à lutter contre la pollution de l’air, le bruit des transports et la chaleur, présente des avantages pour la santé.
« Dans les trois métropoles, des plans d’actions sont en cours ou votés pour modifier l’urbanisme, augmenter les espaces verts ou les mobilités, et ces résultats viennent illustrer l’intérêt de ces actions« , a ajouté Guillaume Boulanger.
Santé publique France espère aider à orienter les politiques des collectivités locales. « Ces actions essentielles dans la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité contribuent également à protéger la santé« , souligne son communiqué.
Selon Mélina Le Barbier, l’objectif est également de « rendre ce genre d’outils plus accessibles » aux métropoles et villes qui souhaitent s’en servir.