La sculpture « l’âge mûr », réalisée par Camille Claudel en 1898 et disparue depuis le début du XXe siècle, est un rare exemplaire en bronze, découvert à Paris par un commissaire-priseur orléanais. L’œuvre, un élément essentiel de la carrière de l’artiste, sera mise en vente aux enchères le dimanche 16 février 2025.

Depuis plus de quinze ans, elle était dissimulée sous un drap, dans un appartement inoccupé situé au pied de la Tour Eiffel à Paris. C’est lors de l’inventaire de ce logement que Matthieu Semont, commissaire-priseur fondateur de la maison de ventes Philocale à Orléans (Loiret), a fait la découverte dont tous ses collègues rêvent : sous le tissu se trouvait L’Âge mûr, œuvre majeure de la sculptrice Camille Claudel (1864-1943).

On ne connaît et identifie que trois autres bronzes de l’âge mûr : ils sont conservés au musée d’Orsay, au musée Rodin et au musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine.

Celui retrouvé à Paris, d’environ 60 cm sur 85 cm, est le premier d’une série d’Eugène Blot, galeriste, éditeur et fidèle compagnon de Camille Claudel, en 1907. « Depuis ses premières expositions dans la galerie d’Eugène Blot en 1907 et 1908, la trace de ce bronze avait disparu », raconte le cabinet Lacroix-Jeannest, spécialiste français de la sculpture et spécialiste de l’œuvre de la sculptrice.

Cette sculpture, également appelée La Destinée, Le Chemin de la vie, La Fatalité, a été élaborée entre 1892 et 1898, à l’époque de la séparation de Camille Claudel avec Augustin Rodin, après plusieurs années d’une relation aussi passionnée que tumultueuse. Selon l’expert, elle représente un tournant dans sa carrière, le sommet de son art.

Elle fait référence à la destinée de l’être humain, aux trois âges de la vie, la jeunesse, l’âge mûr et la vieillesse, confondus dans une tension émotionnelle intense. »

Malgré les tentatives de Rodin pour aider son ancienne maîtresse et l’obtention d’une commande de l’État en 1895, comme le rapporte le site du musée d’Orsay, Camille Claudel ne fournit jamais le plâtre de son âge mûr pour sa fabrication en bronze. Il s’agit d’un collectionneur privé, le capitaine Tissier, qui commanda en 1902 un premier exemplaire en bronze, aujourd’hui conservé au musée d’Orsay.

Selon le cabinet Lacroix-Jeannest, celui qui se trouve dans les collections du musée Rodin à Paris, offert en 1952 par Paul Claudel, le frère de l’artiste, a été fondu en 1913, alors que la sculptrice était déjà internée. Par la suite, aucun autre exemplaire de l’âge mûr ne fut fondu.

En 1907, Eugène Blot réalise une série de bronzes légèrement plus petits que les deux autres, dont il n’est connu que le numéro 3, acquis en 2010 par le musée Camille Claudel, de Nogent-sur-Seine, et donc ce numéro 1 tout récemment découvert à Paris.

Les spécialistes reconnaissent que l’arrivée sur le marché de cet exemplaire est « un véritable événement ». D’une valeur estimée à 2 millions d’euros, il sera mis aux enchères le 16 février 2025, à Orléans, par celui qui l’a découvert.