Brucity, le guichet unique pour les Bruxellois, est l’endroit où l’on effectue diverses démarches administratives telles que récupérer son permis de conduire ou se rendre au service des étrangers pour déclarer un nouveau-né. Toutefois, si l’on revient en arrière d’environ 600 ans, au même endroit, le port médiéval de Bruxelles était en activité et des navires y circulaient.

« Le site Brucity se trouve exactement au croisement des deux axes principaux de la ville médiévale : la chaussée qui traversait Bruxelles d’est en ouest et qui montait vers le palais du Coudenberg, et puis la Senne« , explique Valérie Ghesquière, archéologue pour les musées royaux d’Art et d’Histoire.

Au cours des années, la Senne a subi un détournement et une couverture. Elle est quasiment absente de la cité et ne s’écoule plus sur les vestiges du port médiéval.

Avant la construction de Brucity, des travaux archéologiques ont été réalisés sur le site au début de 2019. Valérie Ghesquière, archéologue, a participé à cet événement. Le premier rapport concernant ces fouilles a été récemment publié.

« Grâce aux fouilles, nous avons découvert que toute une activité économique s’est développée progressivement au fil du temps dans le port : du chargement et déchargement de bateaux bien entendu, mais aussi toute une activité douanière et commerçante« , détaille l’archéologue.

Lors des fouilles, des marchandises venant des quatre coins d’Europe ont été trouvées : « Notamment des pierres à aiguiser venues de Norvège, une ébauche de meule du volcan Bellerberg en Allemagne, et toute une variété de céramiques du nord de la Belgique et d’ailleurs en Europe. Sans oublier les plantes exotiques, les épices. C’était vraiment un nœud de commerce important« 

Et qui dit cours d’eau, dit forcément pêche.

« Dès qu’il y avait de l’eau quelque part à Bruxelles, il y avait de la pêche ! On a retrouvé des hameçons et des nasses au fond de la Senne, calées pour attraper les poissons du fleuve. On a aussi retrouvé des restes de poissons de mer, probablement jetés après les marchés, car évidemment, ils ne vivaient pas dans la Senne. »

Mais alors, qui fréquentait ce port ? « Sans doute une grande partie de la population bruxelloise« , estime Valérie Gesquière. « Mais c’est difficile à prouver en étudiant les couches archéologiques.« 

Ce qui est certain, en revanche, c’est que des pèlerins y passaient : les fouilles ont révélé des enseignes de pèlerins, ces petits badges achetés sur les lieux de pèlerinage.

« Le pèlerinage joue un rôle important au Moyen Âge, pour toutes les couches de la population. Ce qu’on a le plus retrouvé, ce sont des traces de pèlerinages assez courts. La moitié des enseignes découvertes proviennent de sites situés à moins de 50 km de Bruxelles.« 

Dès 1561, avec l’ouverture du canal de Willebroek, l’importance du port médiéval de Bruxelles commence à décliner. Ce nouvel axe maritime se révèle plus commode et plus agréable que les sinuosités de la Senne.