Le secteur des Sages-femmes tire la sonnette d’alarme. Trop peu payées, des conditions de travail compliquées, elles réclament une juste valorisation de leur travail.
La semaine dernière, le secteur des sages-femmes belges a reçu un véritable coup de massue. Le ministre fédéral en charge de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, a annoncé des moyens supplémentaires pour la rémunération de plusieurs professions paramédicales. Sur les 43 milliards d’euros du budget 2024, pas un seul centime n’est prévu pour les sages-femmes.
J’ai été sage-femme indépendante pendant cinq ans, je n’ai pu tenir que parce que mon mari avait un bon salaire.” Et à présent, Murielle Conradt “tient” parce qu’elle enseigne en parallèle. Vivre de son métier, quand on est sage-femme libérale, est impossible, alertent les représentantes de la profession qui refusent de signer la convention fixant leurs tarifs, et appellent les sages-femmes à se déconventionner.
“On vit au rythme de la lune et des naissances, ne nous demandez pas le mercredi ce qu’on fera le dimanche, parce que les bébés ne sont pas encore nés. C’est un métier qui demande une très grande disponibilité”, explique Murielle Nellissen, sage-femme indépendante à Pepinster, et conseillère à l’Association francophone des sages-femmes.
Selon Michèle Warnimont, secrétaire adjointe de l’Union, “la commission de planification – offre médicale, qui dépend du SPF Santé, a fait une étude à l’occasion de laquelle elle a montré qu’une sage-femme indépendante conventionnée gagnait à peu près le tiers (soit 24.977€ pour un temps plein) de ce que gagne une infirmière indépendante (soit 75.781€ pour un temps plein).”
Pour joindre les deux bouts, Murielle Nellissen anime des ateliers, à l’ONE ou au CPAS. Elle s’en sort. Mais elle s’inquiète de la santé mentale de ses collègues : “En une semaine j’ai deux collègues qui m’ont dit que, quand elles sont entre deux soins à domicile, elles se demandent dans quel arbre elles vont foncer. C’est quand même un signe d’épuisement mental important !” “Pour qu’on prenne bien soin des autres, il faut qu’on prenne soin de nous”, ajoute-t-elle. Certaines ont quitté ou envisagent de quitter cette profession passion.