Le 27 janvier 1945, alors qu’elles poursuivent les nazis en dehors de la Pologne, les forces soviétiques de l’Armée Rouge atteignent Auschwitz et Birkenau. Ils y trouvent l’épouvante. Il s’agit du plus vaste camp de concentration de l’Allemagne nazie. De l’avril 1940 à janvier 1945, environ 1.100.000 individus, comprenant des détenus politiques, des membres de la communauté romani, mais principalement des juifs, hommes, femmes et enfants, ont été exterminés par gazage et incinérés dans les fours crématoires de ce lieu. Les Allemands ont déserté les zones, emportant avec eux plus de 60.000 captifs dans une procession mortelle vers l’Allemagne. Dans ce secteur, la température peut descendre jusqu’à -20°C durant l’hiver 45. Nombreux sont ceux qui ne résisteront pas à cette marche forcée.

Sur le terrain, les forces soviétiques « préservent » environ 6000 détenus laissés à leur propre sort, délaissés à Auschwitz et Birkenau, considérés comme trop fragiles pour entreprendre cette marche forcée. Les Russes prennent connaissance des conditions de détention dégradantes, des chambres à gaz, des fours crématoires, des fosses communes et des effets personnels appartenant aux centaines de victimes de la « solution finale » du Troisième Reich… L’indicible. L’ineffable.

« Incompréhensible », « inhumain », « écoeurant »
Annuellement, le War Heritage Institute, qui fait partie du ministère belge de la Défense, conduit des élèves d’établissements scolaires belges vers Auschwitz et Birkenau. Une excursion commémorative prévue en janvier pour marquer « l’anniversaire » de la découverte de ces camps. Pour les quatre-vingts ans, environ une centaine d’entre eux ont fait le déplacement. Un déplacement qu’ils ont planifié. Une formation qui ne parvient pas à atténuer la peur lorsque l’on explore les lieux pour de vrai. Rania, qui a 17 ans, partage son point de vue : « Nous avons regardé de nombreux documentaires, mais ce n’est pas comparable. » Cependant, il est toujours impossible de comprendre ce que les gens ont vécu ici. Je suis stupéfaite. L’image la plus puissante, c’est toutes ces choses qui appartenaient à ces personnes.

Clara, qui a 13 ans, peine à exprimer ses émotions : « Je n’arrive pas à décrire ce que je ressens ici. » Je ressens une douleur vive en moi. « Je ne saisis pas comment on peut faire preuve d’autant de cruauté ». Mathys, âgé de 19 ans, est immobilisé : « J’éprouve de l’obscurité. » Devant les décombres, devant les circonstances dans lesquelles ces individus ont été retenus avant de périr ici. C’est tout simplement incroyable, en réalité. « Ce n’est pas compréhensible ».