La question de la plus ancienne ville habitée en permanence au monde est un sujet de controverse et de débats. Ce titre est revendiqué par plusieurs villes, mais la définition de « habité en permanence » diffère, ce qui rend difficile l’attribution d’une réponse cohérente. Néanmoins, certaines villes se démarquent par leur longueur d’histoire et leur importance.

Les civilisations humaines ont toujours considéré la ville comme un endroit stratégique, jouant un rôle crucial dans la structuration des sociétés. Au fil des siècles, les villes ont favorisé le développement des échanges, des cultures et des pouvoirs politiques. Certaines, même avec les changements géopolitiques et climatiques, ont continué à être habitées pendant des millénaires sans interruption. La persistance de leur présence pose des interrogations quant aux capacités d’adaptation des sociétés face aux crises et aux changements historiques.

Examiner les villes les plus anciennes qui sont toujours habitées permet de saisir les mécanismes de résilience urbaine et de conserver des vestiges essentiels de l’évolution humaine. Parmi les multiples candidates, certaines villes telles que Jéricho, Damas ou Plovdiv présentent une vision des premières formes d’organisation humaine durable et soulignent la complexité et la durabilité des établissements humains au fil du temps.

Jéricho est la plus ancienne ville habitée en continu au monde, située dans la vallée du Jourdain en Cisjordanie, avec une histoire datant d’environ 11 000 ans. À Tell es-Sultan, une colline à proximité de la ville moderne, les fouilles archéologiques démontrent que la région était déjà peuplée vers 9000 av. J.-C., bien avant l’émergence des premières grandes civilisations.

Des systèmes agricoles et des structures sociales sophistiqués ont été développés par des communautés ici. Les murailles de Jéricho, construites il y a environ 9 000 ans, sont les plus anciennes fortifications connues, représentant une organisation collective avancée capable de protéger ses habitants contre les invasions et les conséquences des aléas naturels. Toutefois, cette ancienne ville a été marquée par des changements historiques, en particulier des périodes d’abandon qui créent des controverses parmi les chercheurs quant à la continuité d’habitation.

La période d’abandon de Jéricho concerne principalement l’âge du bronze (vers 2300-1900 av. J.-C.) et l’âge du fer (vers 1400-1200 av. J.-C.), dont les lacunes archéologiques sont attestées. Ces abandons peuvent être attribués à des éléments climatiques tels que la sécheresse et la détérioration des terres, qui rendent l’agriculture difficile. En outre, des invasions et des guerres régulières dans la région pourraient avoir entraîné l’évacuation provisoire de la ville par ses résidents.

En dépit de ces incertitudes, Jéricho reste une source importante pour appréhender les premiers temps de la sédentarisation humaine. Les ruines de cette cité témoignent d’une évolution majeure vers des modes de vie permanents, de communautés nomades à sociétés urbaines. Des vestiges, comme des constructions circulaires, des poteries et des systèmes d’irrigation, démontrent que Jéricho était un pôle de l’agriculture et de la domestication. Alors que Jéricho a connu des périodes d’abandon, les réinstallations régulières en font un cas essentiel pour l’étude de l’urbanisation ancienne.