En dépit d’un jugement qui a mis les expulsions en pause, les responsables américains ont déplacé plusieurs centaines de Vénézuéliens vers le Salvador. Une action qui s’intègre dans une stratégie migratoire de plus en plus délocalisée.

Un vol affrété par les autorités américaines a touché terre au Salvador dimanche, transportant plusieurs centaines de migrants vénézuéliens qui ont été expulsés des États-Unis. Malgré une ordonnance fédérale suspendant temporairement les expulsions, cette opération a été réalisée. Washington a expliqué ce transfert en raison de l’incapacité d’interrompre les vols déjà planifiés.

Selon les autorités américaines, les migrants renvoyés sont liés au Tren de Aragua, une organisation criminelle du Venezuela active en Amérique latine. Cependant, aucune preuve concrète de leur affiliation à cette organisation n’a été divulguée au public. Ces renvois en masse font écho à ceux effectués contre les migrants haïtiens depuis 2021, au cours desquels des milliers d’individus ont été chassés sans véritable moyen de présenter une demande d’asile.

Le Salvador, nouveau refuge pour les personnes expulsées.
Dès leur arrivée, les migrants vénézuéliens ont été directement dirigés vers le CECOT, la prison la plus vaste d’Amérique latine, sous l’œil vigilant des forces de sécurité vêtues de tenues anti-émeute. Cet établissement pénitentiaire hautement sécurisé a été érigé en instrument clé de la stratégie répressive du président salvadorien Nayib Bukele.

Ce transfert fait partie d’un accord conclu en février 2024 entre Washington et San Salvador, dont l’objectif est de confier la gestion des migrants considérés comme indésirables. En retour, le Salvador bénéficie d’une aide financière américaine.

Une politique d’immigration déléguée à l’extérieur.
Depuis de nombreuses années, les États-Unis établissent de plus en plus d’accords avec des pays tiers afin de déléguer la gestion des migrants. Outre le Salvador, des expulsations analogues ont visé le Mexique et d’autres pays de l’Amérique latine.

Cette approche donne à Washington l’opportunité d’alléger la pression migratoire sur son sol tout en épargnant le traitement de certaines requêtes d’asile. Cette méthode suscite de nombreuses controverses, principalement à cause du danger qu’elle représente pour les droits de l’homme et du déficit de garanties offertes aux personnes expulsées.