À la suite de la CAN 2023 inoubliable, Abidjan est devenue, pendant une semaine, la capitale culturelle d’Afrique grâce à la réouverture du Marché des Arts et du Spectacle Africain d’Abidjan.
Il s’agit d’un des événements artistiques les plus importants d’Afrique, et c’est pourquoi il attire près de 150 000 visiteurs. Les arts du spectacle tels que la danse, la musique, le théâtre, l’humour, le slam, les contes et les arts de rue ont été mis en avant lors de la biennale pluridisciplinaire qui a été organisée du 13 au 20 avril dernier dans la capitale ivoirienne pour une durée de 8 jours d’animation. Le district de Babi a accueilli 300 spectacles, plus de 800 artistes programmés et 60 expositions. Des performances très attendues, surtout par la jeunesse ivoirienne, à qui elles étaient consacrées.
La jeunesse au centre de la manifestation
La direction artistique du MASA a cette année mis l’accent sur trois axes : jeunesse, innovation et entrepreneuriat. Des sujets populaires dans un environnement où la jeunesse constitue une grande partie de la population africaine.
Pour Laberge Kouame, responsable communication de l’événement, il était important de revaloriser ces notions dans le domaine artistique et des industries culturelles : « le continent africain a plus de 40% de population de jeunes, il est important de mettre l’accent sur cette tranche de la population, de leur offrir des opportunités, […] ce MASA est cette plateforme unique dans laquelle ils doivent venir se frotter au monde professionnel, apprendre aux côtés de ces personnes qui viennent de très loin pour eux et nous espérons que lors de cette édition il y aura beaucoup de jeunes qui emprunteront le chemin pour aller en direction des industries culturelles et créative ».
L’objectif est de placer ces questions au cœur des préoccupations artistiques en créant des scènes dédiées à ce jeune public. Parmi les activités proposées, on peut citer la zone street art, qui est consacrée à la culture populaire, avec des graffitis de personnages célèbres de la Côte d’Ivoire, le poster de la couverture de la célèbre bande dessinée Aya de Yopougon, ainsi que des battles danse entre groupes représentant leurquartier. Le festival a été rendu accessible aux familles et aux plus petits grâce à la création d’un nouveau village pour les enfants. La grande nouveauté de cette année a été la création d’une formation inédite destinée aux jeunes journalistes qui souhaitent s’engager dans le domaine du journalisme culturel. Cependant, ce rassemblement était surtout l’opportunité de faire vivre toutes les communes d’Abidjan grâce à l’installation.
Un aspect féministe
S’il s’agissait d’une édition dédiée à la jeunesse, l’événement a accordé une grande importance à la voix des femmes dans sa programmation artistique. Beaucoup de spectacles ont souligné certains tabous des sociétés africaines concernant la condition des femmes. De cette manière, une scène engagée a été mise en lumière avec un ensemble d’artistes provenant de divers horizons et courants artistiques. Comme l’humoriste Ivoirienne Prissy la Dégammeuse qui aborde le sujet de l’autonomie financière des femmes dans son spectacle. Circus Baobab, une compagnie de cirque guinéen, a offert une représentation sur la souffrance mentale des femmes, ainsi qu’une performance de danse qui aborde les violences sexuelles et les expériences douloureuses que peuvent vivre certaines femmes, interprétée par la danseuse ivoirienne Hortence Eloi.
La chanteuse et percussionniste Lerie Sankofa a reçu le prix le plus prestigieux de l’événement lors de la cérémonie de clôture de ce MASA, devenant ainsi la première lauréate du prix Henriette Dagri-Diabaté, qui récompense la meilleure performance féminine. C’est avec une grande intensité qu’elle partagera lors de la remise :
“c’est avec un cœur reconnaissant et plein de gratitude que je reçois ce prix. Je veux dire merci à Dieu qui a conduit mes pas jusqu’à ce niveau. Merci à la ministre Françoise Remarck pour cette confiance, à tous mes formateurs, au village car je suis passée par là et merci à tous ceux qui ont cru en moi”.
Une édition fructueuse
Les buts réalisés pour le MASA 2024. Bien que cette année la programmation soit réduite de moitié, la qualité et la diversité des scènes artistiques présentées furent au rendez-vous. Selon Laberge Kouame, l’événement a réussi à concilier les attentes du public et celles des artistes en permettant la vente et l’exportation de l’art du spectacle africain à l’étranger.
« On a réussi à mettre les artistes dans les conditions optimales pour réaliser des performances qui ont enchantés les programmateurs mais aussi le public. On a réussi à faire venir près de 120 programmateurs du monde entier pour cette édition, près de 930 rendez-vous entre professionnels qui ont permis aux artistes d’avoir des moments privilégiés avec les programmateurs pour mieux se vendre et je pense qu’on aura un nombre record de contrats signés. Sur deux ans, les artistes pourront tournés dans différents festivals sur les différents continents. Pour moi le MASA 2024 est une réussite sur tous les plans, évidemment qu’il y a de l’amélioration sur certains points mais globalement nous sommes largement satisfaits ».