Depuis plus de 60 ans, Anita, âgée de 91 ans, est une ceinture noire d’Aïkido. Une activité qui l’a conduit à voyager à travers le monde avec son époux et qu’elle continue de transmettre.

Anita est d’abord rencontrée chez elle, dans son appartement d’Auderghem, dans la région bruxelloise. Le ton est donné dès l’entrée : une affiche en japonais y est suspendue. »Ce sont les lettres qui signifient Aïkido« , nous explique-t-elle. « Comme ça, on sait que c’est chez moi !«  À l’intérieur aussi, l’art martial est partout. Albums photos par dizaines, statuettes offertes pas ses élèves, armes traditionnelles, Anita vit pour sa passion depuis des années et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « Je ne veux pas être une petite mamie qui reste dans son canapé à regarder la télé. Non, ça, jamais ! »

Un projet partagé avec son conjoint

Tout commence quand Anita a 30 ans. Bob, son mari, rentre un jour à la maison en lui disant : « Je pense avoir trouvé quelque chose qu’on pourrait faire ensemble. » Le couple assiste alors à un entrainement d’Aïkido. « J’ai adoré, tout de suite. Je me suis dit : ‘Ça, ça m’est destiné !’ Et je ne pensais qu’à une chose, monter sur ce tapis. Je suis allée voir le Maître en lui disant qu’il pouvait nous inscrire immédiatement. Et on n’a jamais arrêté. »

Après plusieurs années, le couple acquiert un très bon niveau, au point de commencer à enseigner la discipline, en Belgique, mais aussi à l’étranger. « J’ai fait 12 fois l’Amérique« , nous lance-t-elle fièrement. « À Tampa, en Floride, j’avais l’impression d’être face à des G.I. J’ai dit à mon mari : ‘Je vais m’amuser ici.’ J’ai choisi le plus costaud et en deux minutes, il était par terre. Le respect, il vient très, très vite après ça. »

En Écosse également, où Anita a enseigné pendant 40 ans à l’université Saint Andrews. N’oublions pas l’Italie, la Tunisie et les cours dispensés à l’OTAN. Le tout de manière bénévole, toujours.

« J’acceptais juste qu’on me paye mon billet d’avion, c’est tout. L’argent pourrit tout. Je fais ça parce que c’est mon hobby. Et je reçois mille fois plus que si je demandais de l’argent parce qu’après, on va au restaurant, au bar. Ils me payent mon repas. Et on reste toujours ensemble, en famille« , nous explique-t-elle.

Un désir de mettre fin à tout.
Lorsque son mari meurt, Anita envisage d’abord de mettre fin à l’Aïkido. Je n’avais pas envie de poursuivre sans lui. Ensuite, ce sont les étudiants qui m’ont retrouvé et qui m’ont exprimé :

Il te voit là-haut, et tout ce travail qu’il a donné, tu voudrais le garder pour toi toute seule ? Et nous alors ?’ J’ai réfléchi et je suis finalement revenue. J’ai repris le travail de Bob.« 

De nos jours, Anita continue à enseigner dans son dojo d’Etterbeek. Les élèves sont de tous âges, enfants, adultes, personnes âgées…

« Ça me permet de me sentir utile à quelque chose. Je voudrais pouvoir continuer à transmettre jusqu’à la fin, ça, c’est mon rêve« , conclut-elle.