Gladys Kazadi, nouvelle Vice-Présidente du mouvement Les Engagés
Engagée dans le milieu politique bruxellois depuis son jeune âge, à 28 ans, Gladys Kazadi casse les codes en obtenant un mandant au sein du Parlement bruxellois. Une première dans l’histoire de la Belgique pour les personnes d’origine sub-saharienne. Echevine de sa commune Berchem-Sainte-Agathe et Vice-Présidente nationale du mouvement Les Engagés autrefois appelé CDH, dans cette interview, la députée bruxelloise nous parle de son engagement politique, son rôle au sein de son mouvement Les Engagés et surtout sa vision pour la jeunesse.
Vous êtes élue en 2018 Conseillère communale à 24 ans et quatre ans plus tard vous siégée en tant que députée au Parlement bruxellois, une première en Belgique en ce qui concerne les belges d’origine sub-saharienne, quels sentiments vous animent au regard de votre parcours?
Un sentiment de fierté tout d’abord. Parce qu’en tant que jeune, en tant que femme et surtout en tant que personne d’origine étrangère il est important en termes de représentativité, d’avoir aussi cette sensibilité qui soit représentée au Parlement bruxellois. C’est bien vrai qu’il y a eu des aînés qui sont passés avant et leur passage a permis de sorte que ce soit facile pour des générations comme les nôtres d’accéder à ce type de poste donc c’est aussi une manière pour moi de les remercier pour leur combat, peu importe le parti dans lequel ils sont, car ils ont été de ceux-là qui au prix de plusieurs sacrifices ont ouvert la voie pour qu’aujourd’hui notre génération à son tour puisse poursuivre le combat qu’ils ont mené. Aussi, je voudrais souligner la confiance que m’ont portée des citoyens et des électeurs. Cela constitue également une fierté pour moi et je leur remercie pour cette responsabilité qu’ils m’ont confiée à travers mon engagement tant au niveau local, régional ou encore au sein du parti. Merci à toutes ces personnes pour la confiance placée en moi et j’espère qu’ils sont satisfaits du travail que nous abattons avec le cœur au quotidien pour les populations.
Votre parti politique le CDH se fait désormais appeler mouvement Les Engagés, qu’est-ce qui a suscité ce changement de dénomination ?
Effectivement, CDH a laissé la place à un nouveau mouvement qui s’appelle Les Engagés. Je rappelle qu’à la suite des élections en 2018 et en 2019, nous devons l’admettre, CDH a connu une défaite électorale. Il y a eu un signal qui a été donné par l’électeur et nous avons jugé utile de nous remettre en question. C’est novateur, car on entend rarement qu’une formation politique s’est remise en question, mais nous nous sommes choisi de faire ce travail. Du coup, pendant une période de deux ans, nous avons travaillé à la mise en place d’un processus de refondation. Nous sommes revenus auprès de la société civile ainsi qu’auprès des citoyens pour pouvoir composer un projet de société qui est davantage en phase avec les enjeux actuels et futurs. Alors c’est avec ce nouveau projet de société que nous partons vers les populations et les citoyens au travers de notre mouvement appelé « les Engagés » né le 12 mars 2022, un mouvement qui redonne confiance en l’espoir, un mouvement qui donne la possibilité à chacun de trouver sa place pour pouvoir s’épanouir dans la société.
A la date du 22 juin 2022 vous êtes élue deuxième Vice-Présidente de votre mouvement Les Engagés, quelles sont les missions auxquelles vous comptez vous atteler ?
Nous avons deux vice-présidences au sein du mouvement Les Engagés, L’un s’occupe de la réflexion politique et moi je suis Vice-Présidente en charge de l’action citoyenne. Mon rôle est tout d’abord d’être en lien direct avec le tissu associatif. Par conséquent, toute association qui voudrait faire part de ses préoccupations en termes d’enjeux, de société, etc c’est vers moi qu’elle doit se tourner. Je suis aussi chargée de mettre en place des actions concrètes c’est-à-dire traduire les valeurs du mouvement par des actions concrètes sur le terrain. Et c’est en cela également que l’on change de parti traditionnel que l’on peut connaître en venant sur le terrain. Nous ne menons pas uniquement le débat au sein des parlements ou dans les gouvernements en train de travailler sur les textes de loi ou des propositions de loi. Ici c’est vraiment de pouvoir traduire les valeurs et les projets que nous voulons porter à travers des actions concrètes. Pour en citer une, je prends l’exemple sur la question de la fracture numérique l’idée actuellement serait pouvoir mettre en place de sessions d’aide en informatique pour aider les personnes âgées à traduire des informations administratives par le biais digital plutôt renouer avec la société civile c’est ce qui permettra aussi de pouvoir donner confiance aux citoyens à la politique et de mieux comprendre les enjeux locaux et les besoins sur le terrain,
Vous particulièrement vous plaidez pour une société meilleure, un monde plus équitable, comment comptez-vous rendre cela possible?
Je le fais déjà dans mon mouvement politique où d’ailleurs je porte également la casquette d’échevine et en tant que parlementaire, je fais en sorte que dans toutes les politiques qui sont débattues au sein des parlements moi j’ai travaillé ici sur les questions de prévention ou de promotion santé de faire en sorte que quand on est en face des politiques on s’assure que personnes ne soit oublié. Si vous voulez en faite au parlement, je suis la voix des sans voix la voix des publics minorisés, que ce soit des personnes d’origine étrangère, des personnes porteuses de handicape que ce soit des femmes des jeunes, des voix que l’on entend souvent moins et du coup que l’on prend moins en compte. Je m’assume de sorte à tirer la sonnette d’alarme pour que l’on n’oublie personne quand on essaie d’implémenter une politique.
Vous êtes jeune, femme d’origine subsaharienne et vous vous retrouvez dans un milieu fait majoritairement d’hommes et de femmes d’un certain âge. Est-ce vraiment facile pour vous de mener vos actions?
C’est un vrai combat ce n’est pas facile tous les jours effectivement, mais c’est un combat important. C’est également important que l’on puisse avoir des jeunes dans les instances politiques. Souvent on a des profiles de personnes âgées entre 50 et 70 ans. Il y a des enjeux où les jeunes ont des sensibilités différentes pour être entendues. Il en est de même pour les femmes ou des personnes d’origine étrangère, subsaharienne qui ont aussi des préoccupations ou des sensibilités différentes et qui ont le droit de pouvoir être entendues et pour moi être une palette de représentativité la plus large possible dans les instances de décision permettent en tout cas d’avoir moins d’écueils lorsqu’il s’agira de prendre des décisions politiques.
Voilà ce que j’essaie de mener au quotidien au mieux que je peux. Je sais que ce n’est pas facile, mais si je dois m’arrêter au moindre obstacle je n’avancerai pas du tout. J’ai décidé de m’engager et je sais qu’il faut bousculer l’ordre établi et c’est que je fais ici en étant échevine et en plus vice-présidente nationale d’un parti. C’est une première en Belgique pour la femme de 28 ans d’origine subsaharienne que je suis. C’est pour cela que je bouscule l’ordre établi afin de réinstaller l’équilibre au sein de notre société.
Concrètement, comment comptez-vous mener vos actions citoyennes ?
Ces actions se mèneront de façon concertée avec nos adhérents. Dans des partis, les décisions se prennent toutes au-dessus puis sont transmises à la base pour exécution. L’idée pour moi c’est que tout se construit avec la base c’est-à-dire avec les adhérents et les citoyens pour connaître et comprendre leurs besoins aux niveaux locaux afin de pouvoir donner des réponses qui conviennent à leurs attentes. Je parlais un peu plus haut de la fracture numérique, celle-ci n’a pas la même ampleur dans les zones rurales ou urbaines par exemple. Donc, c’est de voir quels sont les besoins aux niveaux locaux avec les adhérents ou avec les citoyens afin de mettre en place des actions concrètes. C’est là, toute la différence de Les Engagés avec les autres partis politiques. C’est historique ce que nous faisons, c’est un mouvement participatif. Nous écoutons les citoyens et les adhérents, mieux nous prenons en considération ce qu’ils nous disent.
Comment arrivez-vous à concilier vie de femme de foyer et celle d’acteur politique ?
Je ne dirais pas que c’est facile ou que c’est difficile. Je pense, simplement que c’est une question d’organisation et surtout d’être bien entouré. J’ai la chance d’avoir une famille qui me soutient et me témoigne de sa disponibilité et quand on a tout cela, l’on peut se permettre ce type de responsabilité. Par exemple avec moi, les réunions entre 18 et 20 heures ne se tiennent pas. Mes collègues le savent même si ce n’est pas évident pour eux, car c’est un moment que je consacre à ma fille. D’ailleurs, c’est une preuve encore que dans notre société il faut savoir s’adapter afin de concilier vie de famille et activités professionnelles. Je veux aussi montrer que l’on ne doit pas choisir entre vie de famille et activités professionnelles. Il est possible de combiner les deux. Nous avons notre rôle à jouer en tant que politique et de faciliter cela à travers les heures d’ouverture des crèches, les congés de paternité, etc. Il faudrait aussi que nous les femmes et les citoyens de façon générale l’on puisse intégrer cette dynamique et éviter de se dire qu’il faut faire le choix entre la vie de famille et celle professionnelle. Les deux sont conciliables.
Un message à l’endroit de la jeunesse en guise de mot de la fin…
Mon message à la jeunesse tout en n’oubliant pas que moi même j’en fais partie, c’est de dire à cette jeunesse qu’elle a sa place partout où elle souhaite.Les décisions qui se prennent aujourd’hui la concerne et la concernera d’ici 30 voir dans 50 ans. Il est donc temps pour elle de suivre cela et je pense qu’elle doit s’engager dans les mouvements de prise de décisions. Il est important pour elle d’être actrice de sa destinée, et aussi actrice dans la société. Je peux comprendre que la politique n’attire pas forcément tout le monde, mais il y a d’autres secteurs où l’on peut bien s’engager. Qu’elle agisse, car c’est de cette façon qu’ensemble nous pourrions faire bouger les lignes. Certains jeunes sont en quête de repère par rapport à la politique, mais il y a des personnes notamment, des jeunes qui s’y engagent, qui militent. Il ne faut pas qu’il ait une hésitation quelconque de leur part. Nous sommes à leur disposition, ils peuvent venir vers nous, car nous portons leur voix ou aller auprès de jeunes d’autres partis politiques qui détiennent des postes de responsabilité pour parler de leurs préoccupations. C’est l’occasion pour moi de souligner qu’au sein de notre mouvement nous avons un nouveau programme qui concerne les jeunes. Nous proposons par exemple dans le cadre d’un achat d’un premier bien et quand on est propriétaire pour la première fois qu’il n y ‘ait pas de droit d’enregistrement. Nous plaidons également pour que les 100 premiers mille euro qui auraient été perçus dans le cadre du revenu pour le travail soient exonérés d’impôts. Ces mesures permettent de donner un peu d’espoir et de perspectives aux jeunes. Ce programme a été élaboré sur la base de nos sorties terrain. J’invite les jeunes à s’engager, car il est temps de désacraliser l’image que l’on a du politicien. Je pense et je reste convaincue qu’un autre monde est possible même si je reconnais qu’en ce moment ce n’est pas évident avec le contexte économique et sanitaire, mais il faut rester positif et se battre pour pouvoir sortir la tête de l’eau. Je suis là pour vous, n’hésitez pas à me contacter par mail Jj’ai également des permanences que je tiens pour apporter mon aide pour tout ce qui concerne les démarches administratives ou toute autre chose.
Retranscription: Davy K.
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