Tunisie : l'angoisse des migrants face aux propos "menaçants" du président Kaïs Saïed
En Tunisie, c’est la peur au ventre dans les rangs des étudiants subsahariens et migrants. Ceci, après que le président Kaïs Saïed ait annoncé que des mesures urgentes seront prises pour lutter contre l’immigration irrégulière.
Dans un reportage réalisé par RFI, des étudiants subsahariens et de nombreux migrants confient ne plus vouloir sortir de chez eux, par peur de représailles.
Le président Kaïs Saïed a réitéré ces derniers jours qu’il fallait appliquer la loi pour ceux qui sont là illégalement dans le pays et que les migrants subsahariens présents légalement étaient les bienvenus
Dans le reportage de la radio mondiale, un Camerounais installé à Sfax à l’est du pays témoigne de la situation au micro de RFI : « On va dire que c’est le calme avant la tempête, les gens sont cloîtrés chez eux. J’ai reçu des retours comme quoi les policiers arrêtent les migrants dans leur lieu de travail donc voilà un peu l’ambiance ici à Sfax. »
À Tunis, renseigne le même source, plusieurs témoignages font état de migrants et étudiants subsahariens qui se font expulser de chez eux comme l’a vécu une étudiante comorienne.
« Hier soir, je rentrais chez moi et là , je croise mon bailleur qui me dit que je dois faire mes affaires et partir et que j’ai une semaine pour arranger tout ça. J’étais tellement choquée, je lui ai demandée le pourquoi et là il m’explique que c’est la police qui lui a exigé de me chasser de la maison tout en sachant que je suis étudiante ; j’ai les documents. »
Un étudiant congolais confie que beaucoup ont peur de se faire agresser dans la rue : « Les arrestations se font souvent de façon systématique et arbitraire, juste sur le « plan facial ». Et, au-delà des arrestations arbitraires, nous constatons aussi un sentiment anti-subsaharien qui s’installe dans la rue, via les réseaux sociaux. Nous craignons le pire ».
Il faut noter que la société civile tunisienne a décidé d’organiser samedi 25 février, une manifestation contre le racisme.
Mardi 22 février, dans une vidéo lors d’une réunion avec son ministre de l’Intérieur, Kaïs Saïed a déclaré que que ceux qui assimilaient ses propos à du racisme « mentaient » et qu’ils « essayaient de nuire à la relation de la Tunisie avec les autres pays africains ».
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